Très belle présentation. Pour autant faut il rappeler que c’est la même science qui nous a conduit à la bombe automatique , au développement vertigineux et incontrôlé de l’intelligence artificielle , etc. Question: Aujourd’hui faut il limiter les domaines d’intervention de la science( la recherche)?
C’est le type d’exemple que vous donnez qui nous a justement mené loin de la naïveté des lumières qui croyaient que plus on serait scientifique, plus on serait moral, plus on serait politiquement correct, plus on s’aimerait les uns les autres. Sur ce débat, les débats des sociologues des sciences (surtout ceux des années 1950 !) sont intéressants. Pour ma part, il me semble intéressant de distinguer deux choses : ce que la science rend possible, et ce que nous faisons des possibilités qu’elle nous offre. Comme dit dans la séquence, en produisant des connaissances, la science nous montre la possibilité de faire des choses. Mais le fait de poser des actions basées sur les applications des résultats de la recherche scientifique relève, dans une société comme la nôtre, non pas de la décision des savants, mais des choix publics et des décisions politiques. La position des physiciens théoriciens de la bombe atomique (Einstein, Oppenheimer, …) sur la catastrophe d’Hiroshima et Nagasaki est connue. Et sur l’IA, ainsi que je le disais récemment dans un petit billet de blog (fiction-action.blogspot.com/2023/11/arsenentamusige.educationdesmassesauxnumeriques%20.html), c’est à nous (et non pas aux ingénieurs théoriciens ou techniciens) de choisir le type de compagnonnage que nous voulons avec les technologies : quelles tâches voulons léguer aux machines et comment organise-t-on le transfert des tâches ? A mon sens, la question fondamentale n’est pas actuellement de limiter ou pas les domaines d’intervention de la science (et même si on s’y mettait, la démarche serait plutôt utopique : la science n’est pas du ressort de ce qu’on peut arrêter par un décret ou une loi !). La question fondamentale est : de tout ce que la science rend possible, que devons-nous faire, que pouvons-nus faire ?
La question peut sembler naïve, mais beaucoup de personnes se la posent et elle vaut la peine d'être répondue. Aussi, merci Arsène, de prendre le temps d'y répondre, d'autant plus que la réponse est appuyée sur la pensée du philosophe des sciences Etienne Klein. Je trouve important de distinguer la science de la recherche, d'expliquer comment l'exercice du bon doute pousse la recherche et comment le bon usage de la science et de la technologie n'est pas du ressort des scientifiques, mais de la société.
Merci Valérie, pour ce commentaire chaleureux. Votre dernière phrase est un bon élément de réponse à la question posé dans le commentaire suivant : « le bon usage de la science et de la technologie n'est pas du ressort des scientifiques, mais de la société ».
