🦋RDV n°33 : ALEXANDRA DEVAUX 1/4 : " HPI, hypersensible & professeur des écoles " 

Bonjour, Merci Alexandra pour ce témoignage. Je n'avais jamais envisagé le fait de pouvoir bien faire bien les choses ou de pas arriver à en faire certaines tout en étant incapable de l'expliquer, alors que c'est essentiel. Ce qui est difficile, c'est que je trouve qu'on est dans une société dans laquelle prime une culture de résultat, ce qui n'est pas mauvais en soi, mais nous pousse à nous justifier d'y arriver ou de ne pas y arriver, ou du fait qu'on a commis une erreur. Même quand c'est dans le bon sens, je suis déçu que très peu de gens avaient la curiosité de rechercher pourquoi ça marche. On va rechercher la triche, la malice, voire le malsain ou expliquer par la facilité ou le mérite. Ce qui fait, en conclusion, que c'est pas facile quand on est plongé de commencer soi-même à adopter une telle démarche, d'où le fait que je suis en accord sur l'importance de ces occasions type confinement qui nous obligent à prendre du recul.

belle rencontre merci tres naturelle

Je vous remercie beaucoup tous les deux pour ce partage et ce témoignage. Les questions sont pertinentes, les réponses sensibles, claires et précises, les solutions simples et justes, de mon point de vue. Je suis instit depuis une petite dizaine d'années, avec quatre classes dans des écoles différentes, et une vie de famille également. J'apprécie réellement ce partage sur comment utiliser au mieux sa sensibilité dans ce métier. C'est très parlant et essentiel. Les mots sont puissants, mais le ressentir est nécessaire. Vivre l'expérience éclairée par ces mots fait beaucoup de bien, c'est certain... Oui, être sensible aux autres, c'est accepter aussi des zones désagréables, parfois douloureuses, mais tenter de les sublimer à travers le lien. C'est si justement expliqué par Alexandra. Merci pour ces mots évocateurs ! Pour ma part et à propos de mon contexte, je trouve cela compliqué de devoir s'adapter en permanence, que ce soit de jour en jour ou d'année en année, à des contextes changeants perpétuellement. C'est déjà le cas pour un instit titulaire puisque c'est en fait la définition du métier. Il faut, je pense, en avoir conscience en y rentrant et le vivre au quotidien pour apprendre à y faire face. Un métier humain et donc nécessairement en mouvement perpétuel. C'est difficile car le changement est un frein aux routines qui sont pourtant structurantes et sources de constructions plus solides, mais j'ai appris alors à lâcher prise et cela a donné accès à d'autres formes de créativités, sortir en quelque sorte des cadres habituels pour en découvrir de nouveaux. Je trouve souvent épuisant de devoir faire la balance entre mes propres mouvements et ceux des autres et plus généralement de l'institution et de la société dans sa globalité. C'est aussi évidemment immensément riche de sens et porteur d'évolutions. La sensibilité permet l'empathie, et donc le lien sain : comprendre l'autre pour se soutenir et coopérer dans des projets communs, ou alors au moins se tolérer de façon respectueuse. C'est assez rigolo de se dire que l'on doit maintenant assurer des "cours" d'empathie alors que finalement j'imagine que beaucoup d'instit n'ont jamais mis de mots sur cette conscience de la manière dont cela se fait au quotidien. Tant mieux si cela nous permet un éclairage plus palpable. Mais il faut le vivre très simplement, même dans les instant qui paraissent futiles. C'est personnellement ce qui me porte et de manière essentielle dans ce métier : prendre soin du lien, des autres et donc par ricochet du monde dans sa globalité. Je fais souvent des erreurs, et parfois, même si j'espère le moins possible, du mal sans le vouloir. Ça aussi, il est nécessaire de l'accepter pour pouvoir se remettre en question et essayer d'évoluer. Se dire que l'on fait ce que l'on peut à l'instant t avec les ressources et la conscience à disposition. Ce qui m'aide grandement, c'est l'échange avec les collègues : se décentrer pour observer que chacun à ses propres problématiques, pouvoir en discuter pour trouver l' inspiration nécessaire à la mise en place de solutions adaptées. Et bien sûr la communication avec les familles. Notre société évolue à une vitesse incroyable et échanger et mutualiser entre plusieurs générations de profs est vraiment très inspirant par exemple. Les anciens autant que les plus jeunes sont porteurs d'éclairages necessaires... Alors encore merci pour ce témoignage !!! Faire du lien concret avec les familles en les accueillant dans l'école quand c'est possible, pour se réunir autour de projets communs, c'est aussi très puissant. Dans mon cas, je trouve difficile de devoir m'adapter chaque jour à un contexte différent et d'en changer le lendemain, et d'année en année aussi. Comme si le sol sous mes pieds menaçait de s'effondrer à chaque minute et qu'il fallait être hyper vigilant en permanence pour ne pas tomber dans une faille (ouais ouais... je suis très sensible... ahah !). Je n'ai pas d'équipe fixe, je vois mes élèves seulement 1/4 du temps scolaire, et j'en ai 4 fois plus qu'à la normale, je n'ai pas vraiment d'endroit où entreposer les affaires, et pourtant j'ai l'impression de bien les connaître et c'est vraiment très enrichissant , tant sur le plan humain que pédagogique, car je rencontre de multiples fonctionnements et je les mets quelque part dans ma caisse à outils, pour les utiliser au moment propice si jamais. Mais cela demande une énergie considérable et c'est vrai, j'ai encore du mal à trouver comment la préserver. Les stimulations des enfants, notamment en maternelle, sont parfois très éprouvantes. J'ai encore beaucoup de mal à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, car pour moi, les deux sont des projets collectifs. Je voudrais tout, quand parfois les ressources à disposition ne sont pas suffisantes. Les efforts paraissent alors parfois vains. En réalité, il faut savoir être patient et persévérant, compétences qui ne sont pas vraiment valorisées à l'heure actuelle et qui pourtant sont fondamentales à mon sens pour faire face aux enjeux personnels comme sociétaux. Mais que c'est difficile. La sensibilité, c'est un magnifique miroir, à travers la relation. Ce qu'on peut en transmettre aux autres, enfants, collègues, familles, et ce qu'ils peuvent nous en retourner également. C'est un formidable outil relationnel. Je suis en admiration constante envers les collègues, les atsems, les aesh, les animateurs, éducateurs, les parents, et tous les autres, qui travaillent tous les jours dans le même sens, même si les façons de faire ne sont pas toutes les mêmes. Je voudrais leur dire un grand merci, du fond du coeur, de mettre leur force pour cet essentiel qui est de prendre soin de nos enfants. Je suis triste car visiblement beaucoup de gens ont de l'école l'idée d'une institution déclinante voire mourante, qui n'évolue pas avec son temps et qui maltraite les enfants . Honnêtement, parfois j'ai ce sentiment, moi aussi , d'un contexte trop étroit pour prendre réellement soin de leurs besoins à chacun ou collectifs, et j'en souffre cruellement. Mais je voudrais dire merci à tous ces collègues qui débordent d'énergie pour faire au mieux chaque jour avec les moyens du bord et les ressources et la conscience à disposition. Merci infiniment d'être là ... Car beaucoup n'ont pas conscience de ce qu'ils sont et de ce qu'ils font de si joli pour les autres. Merci aux enfants qui sont notre avenir et nos belles sources d'inspirations toujours ❤ Pour finir, je voudrais dire que là ou ailleurs, chacun poursuit son chemin avec ses moyens du moment. Aucun jugement ne devraient être émis pour ceux qui quitteraient le navire. Quand on ne peut plus faire face, pour milles et unes raisons toutes acceptables, c'est honnête de prendre la responsabilité de s'en aller. Et donc être sensible, c'est aussi être attentif à ça : rien ne nous retient jamais quand on ne se trouve plus à sa juste place, mais surtout quand on a plus les ressources pour faire face. Et c'est très réconfortant de l'avoir dans un coin de sa tête , tout simplement. J'ai hâte d'entendre la suite de l'interview, car votre simplicité me va droit au coeur. Dans ce système éminemment complexe, c'est extrêmement aidant et soutenant. Merci merci merci 😊 vous êtes à l'image de nos collègues et c'est chouette de le montrer si bien !

Merci pour cette très belle rencontre avec Alexandra Devaux. Tous ces exemples pédagogiques, tout ce pragmatisme, cette créativité permise au travers de plus de conscience, de lucidité, de bon sens. Je devine le travail intérieur et extérieur que cela a demandé pour toute cette maturité émotionnelle et professionnelle et aussi le courage que cela demande pour oser faire différemment face aux autres collègues, aux parents, à la hiérarchie afin que les enfants soient toujours heureux de venir à en classe. Bravo et j’aurais envie de dire, un grand merci pour eux. J’aime la simplicité et le précieux de cet échange tant chez Alexandra que Matthieu. Isabelle

Merci 😊

Bonsoir à tous. ✨🧚‍♀️😊

Coucou ❤