Cela fait plus de trois ans que j’ai perdu un de mes frères et votre émission m’a fait comprendre beaucoup de choses sur mon ressenti ou non ressenti d’alors. Merci à toutes les deux pour cet échange bienveillant, doux et apaisant. La mort fait partie de notre vie, et c’est peut-être ce qui lui donne autant de valeur, et pourtant aujourd’hui on fait comme si elle n’existait plus, comme si nous étions éternels, nous refusons souvent d’en parler ou d’y penser, peut-être par peur de la provoquer. Donc merci de lever un tabou, d’oser échanger simplement et sincèrement, de permettre de se déculpabiliser.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention les deux épisodes sur le deuil. Je me suis reconnue dans beaucoup de choses que vous avez évoquées dans ce deuxième épisode. J'ai perdu mon bébé (mort foetale in utero) et pendant longtemps (et encore un peu aujourd'hui) j'ai été énormément dans la colère contre mon entourage, et effectivement cette colère elle empêche de souffrir, ou en tout cas d'être vraiment dans la tristesse profonde. Finalement, c'est un moteur pour avancer quelque part et pour ne pas s'écrouler complètement (peut être la peur de ne pas se relever ?). Perdre un enfant, oui, ce n'est pas dans la logique des choses. Au point que ce deuil est tout simplement nié. Ou alors c'est tellement inconcevable pour les gens, que la grande majorité d'entre eux ne peut pas accepter cette douleur et juste la regarder en face, ce qui m'a plongé dans une profonde solitude. Je peux vraiment dire que la réaction de mon entourage a été aussi difficile à accepter que la perte de ma fille. La majorité de mon entourage a fait comme si de rien n'était : ainsi pas de réconfort, pas de mot gentil, pas de soutien, pas de possibilité de pleurer avec un autre (hormis avec mes parents, son papa et quelques autres personnes qui se comptent sur les doigts d'une main). J'accepte petit à petit, me disant que les gens ont bien fait ce qu'ils ont pu (et moi aussi, car effectivement c'est difficile de savoir ce que l'on a besoin dans ces grands moments de confusion). Mais la différence entre ce que j'ai vécu à l'intérieur et la réaction des gens (ou plutôt non réaction) est vraiment difficile à surmonter. La difficulté que j'ai eue et que j'ai encore pour rentrer en relation avec des enfants rajoute également à cet isolement et à une forme de rejet bien compréhensible même si je n'ai pas comme intention de mettre les parents mal à l'aise du fait d'avoir leur enfant auprès d'eux, mais ça doit être latent. J'essaie de me connecter à ma tristesse de temps en temps pour apaiser ma colère (ça marche !). Ça me permet aussi de m'autorise un peu d'autocompassion car la culpabilité est aussi une invitée de choix dans le deuil périnatal. Et je confirme que oui c'est très compliqué de ne pas vivre le même deuil que son entourage, en particulier avec le papa de ma fille pour qui cela a été beaucoup plus facile. Cette façon de vivre différemment notre deuil a bien failli nous séparer, mais heureusement pour nous, nous avons toujours pu nous écouter sur cette différence et l'accepter, ce qui est, je l'ai compris maintenant, est une des plus belle preuve d'amour qui soi au sein d'un couple. Est ce qu'un jour vous ferez un épisode lié à ce deuil très particulier ?
Merci pour votre échange très bienveillant et cohérent. J'essaye de faire le deuil depuis une année je crois que cela n'est pas finit et pourtant à plusieurs moment je croyais que oui.. Quand sait on que le deuil est enfin finit ?
Ça fait 14 mois que ma fille unique Virginie à décidée de partir... c'est exactement ce qui s'est passé...je me suis posée des tas de questions culpabilisantes 😢
