S’il est une danse de bal que l’on doive probablement retenir pour la période du Consulat et du premier Empire en France, c’est bien la Monaco.
Cette contredanse française, en pas baroques, est certes antérieure à l’avènement de Bonaparte, mais est décrite par M. Charles De Lacretelle (1766-1855) dans son HISTOIRE DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE (1846) comme étant remise à la mode par le consul. Elle restera également présente dans le répertoire des danses de bal lors de la Restauration.
Dans le tome 3 de ses mémoires, la duchesse d’Abrantès (1784-1838), épouse du général Junot, aide de camp de Napoléon Bonaparte, décrit à deux reprises notamment pour le bal de sa noce, le 20 brumaire de l’an IX (11/11/1800), de manière certaine, l’intérêt de Napoléon Bonaparte pour cette danse :
- Le frère de la future duchesse indique à Mme Joséphine Bonaparte, lors de son invitation pour ce bal : « Le premier consul a souvent… oui, souvent », ajouta-t-il en appuyant sur le mot souvent; « le premier consul a souvent dansé la monaco… » . p361
- Puis lors du bal, elle écrit : La danse ayant discontinué dès qu'il était entré, Bonaparte s'en aperçut au silence du salon… « Faites donc recommencer la danse, madame Permon, » dit-il à ma mère; « il faut que la jeunesse s'amuse, et la danse est le passe-temps qu'elle aime le mieux. On dit, à propos de cela, que votre fille danse comme mademoiselle Chameroi ; il faudra que je voie cela. Si vous voulez, nous danserons la monaco ; c'est la seule que je sache. » p362.
Cette danse, en carré utilise, les pas baroques, parfois redoutés par certains aristocrates européens de cette période, comme le prince Charles de Clary-et-Aldringen qui écrit dans une de ses lettres en 1810 : « Me voilà dans les états que vous pouvez imaginer, moi qui, depuis vingt ans, ai même oublié le pas de rigodon et le balancé que je faisais autrefois. Bien décidé à ne pas me donner le ridicule de danser, je ne cherchais qu'un prétexte pour m'en dispenser. Enfin, rassurez-vous, quand cette contredanse de reines commença, j'étais à l'autre bout de la salle tellement pressé par la foule qu'il m'aurait été absolument impossible d'y parvenir, et tout s'est heureusement passé sans moi. J'ai vu, de loin, les petits pas du prince d'Esterhazy. ». Il estime par ailleurs que l’« on danse d’une manière charmante à Paris ».
Néanmoins sous le Consulat, s’il est encore de bon ton de bien danser en bal, il ne faut pas que cela soit de manière trop parfaite comme semble le signifier deux témoignages :
- Madame de Cazenove d’Arlens (1755-1825), d’origine suisse, dans son journal, plutôt critique, sur la bonne société française (dirons-nous en terme courtois) précise en date du 18 février 1803 : « On se moque des hommes et des femmes qui dansent trop bien : la nuance du bon goût est de ne pas danser aussi bien que les danseurs de l’Opéra. Que de nuances dans ce monde-là ! »
- Monsieur De Lacretelle, dans sa citation sur la monaco, poursuivait également ainsi : « Il (Napoléon Bonaparte) s'était montré fort importuné de la perfection artistique à laquelle aspirait alors la danse de société. La réforme qu'il introduisit ne fut que trop sévère. Par esprit de cour on dansa le plus négligemment possible, et la grâce y perdit autant que la gaieté. ».
Aussi, peut-on pardonner pudiquement de cette façon, les quelques altérations de synchronisation des pas de demi-contre-temps de certains, lors de notre reconstitution de la monaco…
- danseuses : Françoise Chevalier-Porst, Arlette Jacquet, Frédérique Merlet, Annie Vinot - Le Borgne.
- danseurs : Hugues Le Borgne, Antonin Pinget, Jean-Michel Porst, Yvonne Vart
- La musique de cette reconstitution est issue d'un disque "Contredanses Révolutionnaires" par la Compagnie de Danse Populaire Française.
remerciements pour le partage de vidéos de Marie Fritsch et Jean-luc Petithomme.
Si vous voulez approfondir vos connaissances en danses de bal du Consulat et du premier Empire, vous pouvez contacter Yvonne Vart (yvart@halody.fr) qui a écrit 2 aides-mémoires de ces danses qui accompagnent deux CD des musiques correspondantes.
Et si vous désirez poursuivre votre information lesdanses et bals du 1°Empire : il existe un excellent dossier sur les « Divertissements et quadrilles sous l'Empire et la Restauration », d’Alexandre DRATWICKI et Cécile DUFLO dans la revue de musicologie tome 90/1 p. 5-54 ; ainsi qu'un article très intéressant de la Fondation Napoléon : LA COUR IMPÉRIALE (3ÈME PARTIE) : BALS PARÉS ET BALS MASQUÉS( www.napoleon.org/histoire-des...)
0:00 introduction
0:19 figure des deux premiers couples
0:58 contre-partie des deux autres couples
1:35 figure des deux premiers couples
2:13 contre-partie des deux autres couples
2:50 final : chassez-croisé de tous
3:02 générique
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1 июл 2024
