Le grimpeur qui suggère que la fissure Mummery (18m, +IV malcommode) fut ouverte en 1865 souffre visiblement d'un rétrécissement culturel. 1864-65, c'est la grande époque de Whymper aux Ecrins, à l'Aiguille Verte puis au Cervin. Mummery est de la génération suivante, sa première ascension du Grépon, avec Alexandre Burgener et Benedikt Venetz, c'est en 1881. Venetz, agile comme un chat mais pas très grand, s'engagea dans la fissure et fut rapidement bloqué. L'immense Burgener vint alors lui prêter son concours en le poussant, il grimpa à son tout et se coinça; poussant une dernière fois Venetz qui sortit le passage, après quoi il assura Burgener et à eux deux ils tirèrent Mr Mummery comme on tire un sac de charbon. Mummery eut les boules, il fit des progrès en escalade et il y retourna un peu plus tard, cette fois en tête de cordée avec ses copains Hastings et Collie. Plus tard, il y emmena Mme Mummery. Le "pic inaccessible" vaincu était devenu "la plus difficile escalade des Alpes", ce fut enfin "une course facile pour dames". Il faut lire le bouquin de Mummery, magnifiquement traduit par Maurice Paillon. C'est un monument d'humour, parfois à pisser de rire. Cette fissure Mummery est restée célèbre, comme la fissure Knübel en haut de la face E du Grépon, la fissure Allain dans la face N du Dru, la fissure de Grand Mère sur l'arête E du Plan et quelques autres. La fissure Allain est vraiment une vacherie, un bon VI athlétique en surplomb. La fissure Mummery n'est pas très difficile mais on "rule" dedans, on y laisse de l'énergie. La suite, sur une arête déchiquetée en plein ciel, est absolument splendide. Le Grépon seul, bof... autant enchaîner la combinaison classique Charmoz-Grépon. C'est splendide, une des grandes classiques de Chamonix... et il ne faut pas glander si on veut éviter un bivouac au CP dans la descente.
Le souvenir d'une course longue et très belle me revient grâce à votre vidéo. Merci. Les trois passages marquants sont la fissure de la grand-mère, la fissure Mummery et la vire à bicyclette.