"Comment te dire M'man, c'est plus fort que moi,
Malgré moi j'peux pas t'écouter.
J'ai besoin d'te montrer que j'veux pas être c'que t'es.
J'voudrais t'dire que j'taime M'man mais j'refuse ta position, te ressembler.
J'peux pas accepter l'inacceptable de ta relation avec cet homme qui est mon père.
J'ten veux d'obéir toujours. Je sais que t'as pas l'choix,
mais cette peur que tu transpires j'en veux pas.
J'ai besoin d'me battre. C'est vital. Besoin d'ça,
l'ouvrir tout l'temps sinon rien,
'sers à rien,
vivre sans ça, j'veux pas, j'peux pas, plutôt crever.
Mais M'man c'est une médaille pour mutilé d'guerre qu'il faudrait t'remmettre,
Jamais d'ma vie dans l'épreuve de la douleur j'ai vu une femme en passer par autant d'positions:
j't'ai vue à la verticale, à l'horizontale, parterre, sur le ventre, sur le dos, hématome en pleine face, trempée d'peur, se cacher dans le chiottes, d'vant l'évier, ensanglantée, crâne ouvert, bouche pendante, menaçante, le dessous d'plat en fer dans les mains, vouloir se défendre, rapidement allongée, agrippée au pied d'table, se faire traîner, un gros trou dans les cheveux, énorme poignée d'mèches dans les mains d'père, rage montée, genou en sang, supplier, prier, t'auras chèrement payé.
Souffrance sans prix, statut d'mère durement vécu, préserver, défendre,
faire le moins d'dégâts possible, pour les autres vies au moins, mais rester maternelle avant tout.
A lui, père, ça l'dérange pas d'te défoncer, sa veux rien dire, y veux pas comprendre.
Trop encombrant, jamais soucié par son rôle d'homme.
Mais fatiguée, usée maintenant t'es M'man, mais se terrée dans c'mutisme t'est difficile,
Le semblant d'paix, le bonheur qu'on t'fait bouffer de l'extérieur,
J'vois bien que t'y fais pas, je sais que c'est d'la dignité d'vant moi.
T'as toujours nié, jamais avoué,
mais seule j'entends les cris d'ton coeur devenus trop bruyants!
Alors c'est la vie, c'était ça ta vie ?
Alors on peut vivre de cette façon sans que ça dérange personne, comme si ton existence à si peu d'valeur?
Tellement inexorable, tellement rien du tout, mais tu pourrais crever dans cette incompréhension, crever dans l'silence, crever dans l'indifférence générale, crever dans l'idée qu'toi et tes semblables se courberont toujours et encore.
Dure constatation, mais M'man même si maintenant ta bouche est close, ta face, ta gueule, ton visage est marqué par l'passé,
Mais sur ton front s'lit qu'le malheur, la souffrance t'ont traversée,
Mais pour ça t'as pas besoin d'parler.
Sous mes yeux ta vie s'déroule,
Mais témoin, j'veux pas d'venir complice.
J'veux pas collaborer au putain d'rôle que père tente de d'tenir.
Mais tout seul y peut se persuader qu'il a rien fait.
Tout seul y peut s'convaincre que c'est pas sa faute. Mais moi rien que dalle, j'arrive pas à gober, j'avalerai rien, j'contribuerai pas, j'lui rapellerai, j'y veillerai M'man.
J'taime, Je t'aime."
[Je ne possède pas cette vidéo.]
15 сен 2024