Année après année, Bégaudeau et son travail semblent n'accoucher que de groupies ; ceux qui le reçoivent ont pour seul comportement, celui de groupies. Difficile de comprendre qu'un auteur, qu'un intello puissent accepter de n'être reçus que par des groupies. Il y a de quoi se sentir comme dévalorisé, amenuisé, rapetissé... de ne susciter l'intérêt que de groupies...
Acheté début septembre, lu cette semaine (pas que ça à foutre non plus). J'ai beaucoup mais pas TOUT lu Bégaudeau (il faut bien garder un peu de mystère et de pognon...), et notamment pas son premier roman, "Jouer juste", qui apparemment donc, traite de la passion, pourtant je suis d'accord avec la dame du public : j'ai été à la fois étonné et curieux de voir notre gauchiste national au cœur de pierre marxiste aborder le thème de l'amour. La question qui m'en touchait une sans toucher l'autre étant : COMMENT allait-il le faire ? Et bien la réponse est : avec beaucoup de talent. Rusé comme un bourgeois, le Bégaudal. Tout se joue dans ce petit décalage constamment à l’œuvre : une succession d'actions non évènementielles, un réalisme puissant bricolé à partir de mille détails qui à eux seuls nous racontent les personnages (ex : la variation de leurs affects en fonction de la situation de la chambre d'hôtel dans laquelle ils se retrouvent). Les traits sont très fins, incroyablement maîtrisés, et l'image qui se forme se lit aisément, preuve d'un vrai talent d'écriture qui aurait justifié la sélection de ce court roman pour les prix littéraires de la rentrée mais en fait non. Comme c'est étonnant. Mais en fait, non. Son usage de l'ellipse est dans cet ouvrage juste magique. Ça glisse comme sur de la glace, sans jamais se casser la gueule. On se laisse avoir à chaque fois, on relit et on se dit : "bien joué !". De même, j'ai trouvé qu'il a encore monté d'un cran dans la maitrise du style indirect libre. Ça glisse comme sur de l'eau, dans laquelle se baignerait, pas loin, Echenoz. Et si bon nombre de fin de roman de Bégaudeau m'ont laissé dans une songeuse expectative ("La vie la vraie", "L' enlèvement", "Vers la diagonale", ...), cette fois c'est clair, beau et poétique.
Comme le disait si bien Lao Tseu , dans sa sublime sagesse :"Quand on n'a rien à dire , il vaut mieux la fermer " La tête gonflée comme un melon d'eau du Bégaudeau , incontinent verbal , laisse s'écouler une prose sans odeur et sans saveur , comme un robinet d"eau tiède . . .
"Quand on n'a rien à dire , il vaut mieux la fermer " ... ce précepte a été écrit pour vous ! "sans odeur et sans saveur" ... tout ce qu'est votre commentaire ... mais le bon docteur Dolto a bien dit que la masturbation n'est pas un péché, alors continuez à en profiter