Depuis la déclaration d'indépendance du Mali, en 1960, une guerre d’influence se joue entre la France et la Russie dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, provoquant coups d'Etat et bouleversements politiques et économiques.
Décryptage avec Géopoliticus.
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Rapprochement du Mali avec l'URSS
De 1892 à 1960, la colonisation française au Mali a entraîné un traumatisme qui pèse encore dans les relations entre les deux pays. Après l’indépendance, en 1960, dans un monde en pleine guerre froide, le Mali se rapproche d’abord de l’Union soviétique, et choisit le bloc de l’Est par idéologie. Le premier dirigeant du Mali indépendant, Modibo Keïta, militant anticolonialiste, prend dès 1960, une orientation socialiste. Il s’inspire du modèle soviétique, nationalise les entreprises et instaure un régime autoritaire. Mais les difficultés économiques et les exactions des milices populaires dites « gardes rouges » créent un mécontentement populaire. En 1968, Modibo Keïta est renversé par un coup d’État. Le nouvel homme fort, le lieutenant Moussa Traoré, rompt avec l’URSS et se rapproche économiquement de la France.
Défis du Mali et menaces djihadistes
Il faudra attendre 1991 et le reversement de Moussa Traoré pour que le Mali s’ouvre à la démocratie et au multipartisme. Les relations avec la France, 1er partenaire économique, se renforcent. Mais le Mali est fragile. Le pays doit faire face à l’avancée du désert, à l’explosion démographique, à l’absence de développement économique, et à la très faible présence de l’État en dehors des grandes villes. Aussi, sa position géographique le déstabilise. Les guerres civiles d’Algérie, puis de Libye, débordent sur le pays et installent des groupes armés djihadistes dans le nord. En 2012, ces groupes armés défont l’armée malienne et occupent près de 2/3 du territoire. Un coup d’État continue de fissurer le pays qui demande alors l’aide de la France.
Engagement militaire français au Mali : de Serval à Barkhane
L’intervention militaire française en 2013, appelée opération « Serval », libère le nord du Mali. Mais la décision, en 2014, de transformer une opération « coup de poing », réussie, en opération longue de lutte anti-djihadiste, signe le début des difficultés. L’opération « Barkhane » - qui remplace l’opération « Serval » - , ne parvient pas à éliminer l’insécurité terroriste qui s’étend jusqu’au centre du Mali. Ce manque de résultats et la durée de l’opération entraînent le développement d’un sentiment anti-français. Deux coups d’État militaires, en 2020 puis 2021, amènent au pouvoir une junte qui exploite ce ressentiment anti-français. La junte se tourne vers la Russie, qui profite de l’aubaine.
Renforcement de la présence russe au Mali
La confrontation avec l’Occident est en effet depuis 2014 un élément structurel de la politique étrangère du président russe Vladimir Poutine. La Russie amplifie le sentiment anti-français par la diffusion de très nombreuses vidéos et fausses informations. Mais la Russie ne souhaite pas un engagement aussi coûteux et lourd que l'opération « Barkhane ». Elle a introduit la société russe privée payante de sécurité Wagner, bien connue pour ses mercenaires déjà présents en Centrafrique. La junte malienne s’éloigne de plus en plus de la France, avec l’expulsion de l’ambassadeur français, puis, depuis mars 2022, l’interdiction de diffusion de RFI et France 24, tandis que la relation avec Moscou, se renforce.
7 апр 2022
