Hannah Arendt est l’une des figures les plus significatives et les plus controversées de la pensée
contemporaine.
Philosophe de la société de l’histoire et de la politique, elle a proposé des intuitions fortes
originales sur la société de masse, les idéologies politiques, la démocratie, le totalitarisme, la
révolution, la question juive, l’antisémitisme et le sionisme.
Au cœur de sa pensée se trouve un concept qui a provoqué des polémiques véhémentes dans
l’espace intellectuel occidental : la banalité du mal.
Cette idée, développée au milieu d’un débat sur le procès Eichmann, continue à hanter la
réflexion philosophique, sociétale, politique et juridique de notre temps.
Quelles sont les conséquences que la société contemporaine peut tirer de ce concept troublant ?
Aux chercheurs de notre siècle de poursuivre une enquête qui concerne notre vision de la société
de ses conflits et ses tragédies.
Certains auteurs ont mis en lumière le lien complexe, troublant mais l’incontestable entre la
judéité de Hannah Arendt et sa philosophie politique.
Signalons entre autre les intuitions de Jean-Claude Milner dans son ouvrage « Les Juifs du
savoir » (Paris Grasset 2006) où l’auteur présente la figure des juifs du savoir qui dit-il fascine et
repousse encore de nos jours.
Comme dans cette configuration mentale singulière, propre à l’Europe et à l’Occident du XXème
siècle se joue le lien entre les drames de l’histoire universelle et la tragédie propre au peuple
juif, ce qui permet à Milner de dire que la Seconde Guerre Mondiale a eu un effet terrifiant et
dévastateur pour la célèbre philosophe : « Après 1945, H. Arendt, Juive de savoir et Juive
allemande, avait perdu tous ses repères. Comme Juive, comme sujet de savoir, comme être parlant
la langue allemande… ».
Une rencontre transdisciplinaire actuelle sur Hannah Arendt ne saurait faire l’économie d’une
réflexion sur cette place problématique de la condition juive dans son œuvre car le judaïsme
comme question de la pensée moderne hante l’esprit de Hannah Arendt y compris dans ses
thématiques les plus universelles comme la guerre et la paix, la démocratie et la tyrannie, la
révolution et le totalitarisme, la violence et le génocide.
Un voyage le long des sources de cette pensée nous permettrait peut-être de redécouvrir ce lien
qui semble accompagner l’auteur tout au long de son itinéraire intellectuel
Conférence organisée à l'Espace Culturel et Universitaire Juif d'Europe le 24 janvier 2017
Animée par Yves Charles Zarka
Avec la participation d'Elhanan Yakira, Avishag Zafrani, Emmanuel Faye et Jacob Rogozinski
6 фев 2017
