Le grand roman visionnaire de Romain Rolland, prix Nobel de Littérature en 1916, en compagnie de Hervé Pierre, de la Comédie-Française
La vie passe. Le corps et l’âme s’écoulent comme un flot. Les ans s’inscrivent sur la chair de l’arbre qui vieillit. Le monde entier s’use et se renouvelle. Toi seule ne passes pas, immortelle Musique. Tu es la mer intérieure. Tu es l’âme profonde. Tu es en dehors du monde. Tu es un monde, à toi seule.
Cet éloge de la musique est né de la plume d’un mélomane, l’écrivain Romain Rolland, qui signe, en 1915, l’un de ses chefs d’œuvre, Jean-Christophe. Ce grand roman de la fraternité voit son auteur récompensé, l’année suivante, par le Prix Nobel de Littérature.
Mais la prestigieuse distinction n’épargne pas Romain Rolland du scandale. Depuis le début de la Première guerre mondiale, il est accusé de trahison pour ses idées pacifistes. Son célèbre article, « Au-dessus de la mêlée », où il invite « la jeunesse héroïque » à vaincre la haine, lui vaut des injures de la part de ses compatriotes. Exilé en Suisse, l’écrivain, profondément humaniste, défend depuis toujours l’amitié entre les peuples.
Dix ans pour venir à bout de son projet
C’est en 1890, à l’âge de 24 ans, que le jeune agrégé d’histoire ébauche l’idée d’un roman d’apprentissage, qui s’inspire de la vie de Beethoven, et qui rend hommage à son maître en littérature, Goethe. Il lui faudra dix ans pour venir à bout de ce vaste projet, commencé en 1901, achevé en 1912. Visionnaire, l’écrivain signe une œuvre prophétique, qui annonce la « boucherie » de 14-18. « J’ai écrit la tragédie d’une génération qui va disparaître », écrit-il à la dernière page de son roman, deux ans avant la guerre.
Découvrons avec Hervé Pierre la vie de Jean-Christophe Krafft
Ce soir, je vous invite à parcourir cette œuvre magistrale, au ton mélancolique, qui témoigne d’un monde disparu : celui d’avant la Grande guerre, où l’art classique n’a pas encore cédé la place à l’ère moderne des machines. Découvrons la vie romantique et romanesque de Jean-Christophe Krafft, un jeune compositeur allemand au génie capricieux, né sur les rives du Rhin, et amoureux inconditionnel de la culture française.
Et pour m’accompagner dans cette épopée d’un Européen avant l’heure, j’ai le grand plaisir d’accueillir un camarade de la Comédie-Française, un immense comédien au talent de magicien : Hervé Pierre.
Voici ce texte qui vous a donné l’amour des mots, et le désir de devenir acteur…
Programmation musicale :
LAURENCE MONTEYROL : « Zueignung op. 10 no. 1 » de RICHARD STRAUSS
PHILIPPE LEOTARD : « PAUVRE RUTEBEUF »
Guillaume Gallienne
Emission du samedi 22 avril 2017 France inter ÇA PEUT PAS FAIRE DE MAL
7 июн 2019