Quels enseignements tire-t-on de la vie professionnelle après 30 ans de carrière ? Notre série Experienced part à la rencontre de personnalités au parcours hors normes.
Jusqu’à sa mort en 2020, Kenzo Takada a été un créateur inépuisable, mais aussi un esprit libre qui détestait la contrainte. Le couturier a toujours suivi ses propres règles et désirs, de sa volonté d’intégrer une école de stylisme contre l’avis de ses parents, à son arrivée à Paris où il bouscule les codes de la mode. Il revient sur son parcours et les erreurs qui l’ont forgé.
Enfant, Kenzo Takada a grandi entouré de kimonos, de femmes et de Geishas, qui fréquentent régulièrement le salon de thé de ses parents : « Je pense que ça a influencé mon travail actuel », explique-t-il. Il observe avec fascination sa sœur commencer une école de couture. Plus tard, alors qu’il a déjà entamé ses études universitaires, une école de couture japonaise ouvre ses portes aux garçons pour la première fois. Kenzo Takada n’hésite pas, malgré le refus catégorique de son père : « La couture, ce n’est pas pour les garçons ! », lui disait-il. Il part à Tokyo et profite de ses années d’étude pour se rendre vers la destination de ses rêves : Paris. Malgré la tristesse qu’il trouve à la ville, il est fasciné par les vêtements que portent les gens, qui contrastent avec le prêt-à-porter bon marché nippon.
Contre toute attente, Kenzo Takada parvient à vendre ses premiers modèles dans ce haut lieu du stylisme qu’est Paris : « Ma vie a complètement changé ! », se rappelle-t-il. En 1969, il rachète une boutique dans la ville et quelques mois plus tard, il organise son premier défilé. Dès lors, tout s’accélère. A une époque où le prêt-à-porter n’est pas encore structuré, il avoue avoir été « au bon endroit au bon moment ».
En 1993, il vend la marque Kenzo au groupe LVMH, même s’il regrette ce choix : « Au moins, j’ai compris que la gestion, ce n’est pas pour moi », admet-il. A 80 ans, Kenzo Takada reprend le crayon et se lance dans un nouveau défi, la création d’une nouvelle Maison dédiée à l’art de vivre : K3. En 2020, il meurt des suites du Covid. Mais son nom, lui, continue de vivre chez tous les passionnés de mode et de liberté.
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18 ноя 2023
