David Grangette, le berger des KerguelenOriginaire de Roanne, il s'occupe d'un troupeau de moutons de 3 500 têtes sur une île perdue, possession australe française. Selon les saisons, entre 50 et 140 personnes affrontent la rudesse du climat et l'isolement le plus grand sur la base de Port-aux-Français. ...4 janv. 2007
Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat
publiée dans le JO Sénat du 03/02/2010 - page 768 Abattage des troupeaux de bovins, de moutons et de mouflons sur les îles australes de Kerguelen et de Saint-Paul-et-Amsterdam dans le territoire des Terres australes et antarctiques françaises
Les Taaf se sont engagées dans un important programme de préservation de la biodiversité. Dans ce cadre, l'abattage des troupeaux de mouflons et de moutons, localisés sur deux petites îles de l'archipel des Kerguelen, et du troupeau de bovins contenu dans un enclos représentant un cinquième de l'île d'Amsterdam, est actuellement réalisé. Ces abattages ont été décidés sans que toutes les implications qui en découlent soient vraiment envisagées.
Leur impact environnemental, certes réel, est fortement minimisé par leur installation ancienne sur des portions très réduites des Taaf. Leur élimination n'est pas un gage de retour à une antériorité des systèmes biologiques insulaires. Des actions prioritaires et autrement plus urgentes concernant les espèces invasives telles que les rats, les souris, les chats, les rennes et bien d'autres semblent s'imposer. La destruction définitive de ces troupeaux pourra, elle, facilement intervenir si les Taaf redevenaient un sanctuaire naturel comme l'île St-Paul par exemple.
Les mouflons, les moutons (de race Bizet, une race française à faible effectif) et les bovins (originaires de La Réunion) de ces îles ont un patrimoine génétique et biologique exceptionnel du fait de leur isolement génétique et géographique extrême depuis plus de 50 ans pour les premiers et de près de 150 ans pour les bovins. En cas d'épizooties de grande gravité dans le reste du monde, ils pourraient être un jour une source d'étude essentielle et un réservoir biologique et génétique que jusqu'à aujourd'hui il est difficile d'estimer. A contrario, leur suivi régulier pourrait permettre de mettre en évidence l'apparition ou la circulation d'organismes pathogènes. Ils sont et seront donc une source très importante d'études pour la communauté scientifique dans des situations de recherche fondamentale et appliquée qui pourraient apparaître plus particulièrement en temps de panzooties. Leur élimination est à terme un appauvrissement possible de la connaissance scientifique.
Ils garantissent un approvisionnement en viande de très haute qualité sanitaire. Leur exploitation raisonnée a fait l'objet de maints investissements qui vont être anéantis. Il convient également de noter que l'apport de viande extérieure au territoire, même sous garantie sanitaire sérieuse, est fortement déconseillé sur des îles aussi isolées. Leur maintien est une sécurité supplémentaire pour les populations de mammifères et d'oiseaux autochtones vivant sur ces îles. En réduisant de façon importante l'apport en viande importée sur les districts, ils préservent la faune et la flore de l'apparition de maladies extérieures. Leur disparition est un non-sens sanitaire.
Le patrimoine culturel de ces troupeaux est à plus d'un titre exceptionnel. Ils contribuent au rayonnement des Taaf et sont universellement connus. Contrairement à l'éradication d'autres espèces animales, celle des troupeaux n'est pas imposée par un impératif évident. En conséquence, il lui demande s'il est possible d'organiser un débat contradictoire en saisissant le Conseil consultatif des Terres australes et antarctiques françaises et, pour commencer, de poser un moratoire sur l'abattage des mouflons, moutons et bovins.
14 окт 2024