DANS notre parcours martial (ou cheminement intime), on fait la rencontre de Professeurs qui sont autant de panneaux indicateurs: les "bons" nous indiquent la voie à suivre (nb: en japonais ancien, Shinan Yaku 指南役signifiait Instructeur, et ce terme a pour traduction "Celui qui indique le sud"); les moins bons (ou mauvais), qui sont le plus grand nombre, nous incitent à avancer, oui mais sur une voie de garage. Quant au MAÎTRE, le seul et unique que nous ayons, est à l'intérieur de nous. À chacun de le trouver, en débroussaillant au fil du temps. CONCERNANT le kiaï, ou Energie Unifiée, il convient de préciser que chercher à l'acquérir équivaut à partir à la chasse au dahut. Ceux qui prétendent "l'enseigner" sont des plaisantins ou des imposteurs. Nul "cri" n'a jamais tué personne! C'est une extrapolation ridicule issue de romans des années 50, quand il y avait la mystique du Japonais judoka imbattable etc. On fantasmait beaucoup et c'est dans ces années-là qu'est né James BOND, détrôné vingt ans plus tard par Bruce LEE: on reste dans le fantasme et l'extrapolation (sans nier l'exceptionnelle technicité de cet homme rare). EN REVANCHE nous connaissons la puissance de la Parole ("Au Commencement était le Verbe..."): une annonce peut foudroyer quelqu'un sur place, une injure peut détruire mentalement une personne fragile, un encouragement peut donner des ailes à une personne manquant de confiance etc. Le KIAÏ, chers amis, c'est le "hue, dia!" du cocher de jadis, c'est le "han!" du bûcheron, c'est le "À la une, à la deux, et HOP!" pour charger un meuble sur une plateforme etc. EXEMPLE VÉCU: Un (simple) pratiquant a un jour émis un cri alors que sa voiture faisait un tonneau après avoir évité un chat errant (c'est tout à son honneur) sur une route enneigée. Au moment du retournement, le gars extrait un cri de son ventre, et les cinq occupants de la voiture sont sains et saufs. Réflexion du fils, âgé de 12 ans: "Papa, c'est grâce à ton kiaï que l'on s'en est sortis." TELLE EST LA VÉRITÉ À PROPOS DU KIAÏ. AUTRE EXEMPLE: À l'angle de la rue Brochant et de la rue Truffaut (Paris 17), deux hommes s'invectivent, sortent de voiture et sont sur le point de s'empoigner. Un type qui promène son chien, AU MOMENT PRÉCIS OÙ VA COMMENCER LA BAGARRE, émet un TRÈS puissant "HO !": instantanément, les deux gars, comme réveillés d'un mauvais songe, se reprennent, chacun remonte en voiture et s'en va. Deux exemples de ce qu'EST véritablement le Kiaï. Ne cherchons pas plus loin. Dans le domaine musical, le Canadien Glenn GOULD jouait du piano en marmonnant des onomatopées indistinctes, qui donnaient une "couleur" à sa musique, faisaient pester les bien-pensants, mais étaient indissociables de ses interprétations dépouillées (sur un piano, toujours le même, qui sonnait assez "bref", comme un instrument de 1850 ou par là): en cela il pratiquait sans forcément le savoir leKIAÏ, et même plus loin encore: le KOTO DAMA ou "Son Créateur", la vibration vocale émise pour accompagner et amplifier un phénomène. Ce Son Créateur est également émis lorsque l'on projette un partenaire: le son et l'intention accompagnent ou parfois précédent d'un quart de seconde le déroulement de l'action................... On peut s'y entraîner, par exemple en voiture!, lorsque l'on est seul, en émettant une vibration basse, sourde, progressive, que l'on fait remonter depuis le sacrum, jusqu'à faire vibrer les cordes vocales, et maintenir la vibration que l'on ressent alors physiquement tout le long de la colonne vertébrale. L'équivalent pour la vie quotidienne des sons psalmodiés par les moines d'Asie, ou plus près de nous des chants grégoriens tout simplement, dont les sonorités latines (qui rejoignent totalement le "OM" tibétain) induisent une vibration basse ayant tendance à se propager. Quant à un "enseignement" secret, dans ce domaine comme dans TOUT autre, ce sont des chimères pour adolescents. JAMAIS personne ne découvrira la Voie à notre place: ce n'est que par l'étude, la persévérance surtout, le Temps ne comptant pas (combien de décennies pour dépasser la simple --- mais nécessaire --- "maîtrise" technique? Une, deux, trois, quatre, cinq peut-être...), qu'après bien des illusions et surtout des désillusions, commence à émerger une conscience de ce qu'est peut-être l'aboutissement de la Voie. Celle-ci n'étant jamais finie, à l'image des sommets de montagne que l'on découvre toujours plus nombreux et "inatteignables" à mesure que l'on gravit montagne après montagne. COMMENT FAIRE alors? La réponse tient en un mot: PRATIQUER. Pratiquer, mais après l'acquisition du geste de base, qui est l'affaire de quelques années (: disons, entre cinq et dix ans selon la fréquence des entraînements), DÉPOUILLER sa pratique: qu'elle soit désintéressée, c'est-à-dire physio-harmonique avant tout (le corps n'aime pas être forcé, et IL NE FAUT PAS le forcer en de stupides et stériles exercices --- genre pratique à genoux, ou "casse" de planches, ou musculation exagérée, ou désir de performance --- mais EN PRENDRE SOIN, car contrairement à ce qui se dit couramment LE CORPS A SON IMPORTANCE). L'étude d'une planche anatomique nous en apprend bien plus que tel ou tel "maître": il suffit d'observer la structure du corps pour dissocier ce qu'il FAUT faire/// de ce qui doit absolument être écarté (tout excès étant à écarter). En ce sens des personnes hautement inspirées comme Maître NORO (Aïkidô puis KINOMICHI), AOKI (Karaté puis Shintaïdô), FELDENKRAIS (étude du corps dans le mouvement), UEMURA (Karaté Shitô-Ryû puis évolutions chinoises) et certainement beaucoup d'autres, ont apporté chacun une énorme pierre à l'évolution nécessaire et indispensable des arts improprement dits "martiaux" qui sont en réalité des Voies de l'Accomplissement personnel, signification réelle du terme "DÔ" (dans JuDÔ, KenDÔ, KyûDÔ, AïkiDÔ etc.), terme qui tourne le dos au côté mécanique et destructeur des techniques anciennement appelées "JUTSU". Bonne pratique à tous! Merci au Professeur canadien qui a publié cette intéressante vidéo: ne seraient-ce les titres ronflants mentionnés en début de vidéo (les "DAN" ne sont que des PALIERS destinés à marquer les étapes d'une pratique, en principe conférés à titre discret et confidentiel par un Senseï que l'on a suivi --- en ce sens ils n'ont de valeur que celle que l'on veut bien leur attribuer et n'ont pas "forcément" vocation à être claironnés), son intention est louable. Qu'il accepte mes excuses si je l'ai froissé en écrivant ces quelques libres propos. Cordialement,
Dommage qu'il n'y ai pas d'info sur l'utilisation des sons directionnels. Très fortement liés à l'efficacité du kiai. Pour qu'un kiai soit puissant, le son produit doit en effet être différemment adapté selon l'orientation du coup et la direction ou on envois l'énergie.
