Merci pour vos vidéos, toujours très intéressantes et qui font réfléchir ! Lorsqu'on en arrive à la naissance du mal, avec la naissance de la société et du regard de l'autre, j'ai l'impression qu'il y a une sorte de double contingence un peu cachée ... : d'une part, comme vous l'expliquez, le regard de l'autre est accidentel ; mais, d'autre part, le fait que la division du moi ait pour conséquence un mal-être (et ce qui s'en suit) me semble tout également fortuit ... Si l'on définit l'Homme par sa perfectibilité, est-ce-que l'on peut véritablement accepter cette implication {division du moi → mal-être} telle quelle, ou doit-on également se positionner par rapport à elle, et peut-être envisager une double thérapeutique : à la fois commune (avec le contrat social) et personnelle ?
Une question intéressante ! La division du moi dans l’amour-propre est nécessairement malheureuse, selon Rousseau, parce qu’elle est une perte de l’immédiateté naturelle, une perte d’unité. La guérison consisterait alors en un en rétablissement de l’unité dans la société : « Rendez l’homme un et vous le rendrez heureux autant qu’il peut l’être. » (Rousseau) Il faut alors effectivement envisager une double thérapeutique : politique (Le contrat social) et pédagogique (Émile). La première viserait à guérir les hommes par la société ; la seconde permettrait de guérir la société par les hommes…
@@Jean-MarieFrey-Philosophe Merci pour votre réponse ! Votre conclusion ''La première viserait à guérir les hommes par la société ; la seconde permettrait de guérir la société par les hommes… '' est à la fois belle et angoissante ... Le cycle parait pouvoir se révéler tout aussi vertueux que délétère (le médecin étant tout aussi vulnérable au mal que l'est le patient, surtout si tel est l'état de fait dès le départ) … Est-ce-que Rousseau envisage une tierce partie à laquelle se raccrocher lorsque la société et les hommes peinent de concert ?
@@adrienp9204 Après le temps du diagnostic et celui de la thérapeutique (politique et pédagogique) vient le moment du pronostic : et celui-ci est fort pessimiste. Le mal est avancé, et l'état de servitude est bien installé. Quel tiers pourrait appliquer la bonne thérapeutique ? « Le peuple ne peut pas même souffrir qu'on touche à ses maux pour les détruire, semblable à ces malades stupides et sans courage qui frémissent à l'aspect du médecin. » (Rousseau, Du Contrat social)
Je propose une quatrième raison au mal( mâle?) qui me paraît plus déterminante que cette dialectique. C'est, dans un état de nature originel, la fonction de reproduction. Dans son livre sur l'évolution humaine " Une brève histoire de tout " ,l'américain Ken Wilber met l'accent sur l'importance de la sexualité. Je cite, page 31: " Alors les hommes auront toujours un fonds de pulsions, générées par la testostérone- baiser ou tuer- mais ces pulsions peuvent être maîtrisées et transformées en des modes de comportement plus appropriés..." les éternels faits divers qui font dixit Bourdieu, diversion sur nos médias, montrent bien l'importance et l'étendue du problème. La gifle de Quatennens, les agressssions et viols journaliers, n'est-ce pas la démonstration que la maîtrise de la testostérone et les comportements plus appropriés,sont les problèmes premiers?...
Cette proposition n'est pas sans intérêt. Toutefois, elle ne se place pas sur le même plan que l'analyse de Rousseau. Les pulsions, les effets de la testostérone, etc., ne sont au fond que des mécanismes corporels. Rousseau envisage quant à lui une dimension métaphysique de l'homme : la perfectibilité et la liberté que le corps n'explique pas...
Bonjour Si le mal est en nous, que sa solution peut s'envisager à partir de nous, qu'en est-il du mal "gratuit" que les tremblements de terre, les tsunamis et autres pandémies que la nature nous inflige ?je sais que la question est un peu décalée par rapport au sujet mais je ne peux pas m'empêcher de me la poser... bonne journée.
@@makhloufkheloufi2371 Un élément de réponse : peut-être faut-il distinguer le mal entendu comme souffrance et douleur provoquées par la nature, et le mal entendu comme faute morale dont seul l'homme est la cause.
