LA MÉDITATION : COMPRÉHENSION ET INTÉGRATION 

Merci pour vos commentaires. La paix dont il est question ne vient pas du mental. La nature du mental est le mouvement. Quand son mouvement s’arrête, il n’y a pas de mental. Il n’y a que présence, conscience, silence. Quand son mouvement repart, la présence, conscience, silence, est toujours là, mais masquée par le défilé des pensées et l’habitude qu’a l’attention de rester fixé à lui. Une fois que la pensée est reconnue en tant que telle, c’est-à-dire en tant que projection mentale, et non réalité, un désinvestissement se fait. Il ne s’agit pas d’un processus volontaire, mais de l’élimination de l’habitude de prendre la pensée pour la réalité. L’attention va pouvoir alors réintégrer sa source, n’étant plus sollicitée par les bavardages mentaux. La présence, conscience, silence, ne dépend pas de quoi que ce soit. Elle ne dépend ni de l’activité mentale, ni de son absence. C’est cette permanence de conscience qui se cherche, et la quête ne peut se terminer tant que cette permanence ne s’est pas complètement dévoilée.

Le vouloir et le désir sont un seul et même mouvement. Je veux ce que je désire, et je désire ce que je veux. Tout être, consciemment ou inconsciemment, cherche la joie, la paix, la félicité. Ce besoin fondamental vient de notre nature véritable, qui se réfléchit dans le mental et se projette en lui, créant une infinitude d’objets de désir et de vouloir. Nous cherchons ainsi ce que nous sommes dans un monde projeté qui donne l’impression de contenir ce qu’on cherche, alors qu’en fait il ne fait que le refléter. Un discernement est alors nécessaire pour réaliser que l’objet ne contient pas ce qui est désiré, et que nous sommes nous-mêmes, dans l’essence de notre être, ce que nous désirons. C’est ainsi que le désir ramène au non-désir, et le vouloir au non-vouloir. Dans l’absence du désir et du vouloir, je suis ce que je suis, libre de moi-même, libre de la pensée et de la réaction.

Merci beaucoup Jean-Marc pour votre réponse très éclairante...cependant lorsqu'il y a discernement que l'objet ne contient pas ce qui est désiré comment est alors perçu l'objet ? Comment est-il "considéré" ? Ce que je veux dire par là c'est : s'il y a non désir comment peut-on par exemple avoir le désir d'entrer en relation avec quelqu'un ou bien désirer manger un morceau de chocolat pour la joie que cela peut nous apporter ? Ces objets ne deviennent-ils pas inutiles lorsque nous sommes conscients qu'ils ne sont que le reflet de notre véritable nature ? Je ne sais pas si je suis claire mais il y a ici une finesse qui m'échappe encore ou bien qui est encore trop mentalisé de ma part...

Pour comprendre la nature de l’objet, on doit se mettre à son écoute. On part par exemple d’une perception simple, la sensation de la main, d’un pied, ou bien d’un son. On laisse venir, complètement, en soi la perception qui va alors émerger dans le silence plein de l’écoute, et se dissoudre en lui. Toutes les perceptions, quelles qu’en soient leur nature, obéissent au même schéma : une apparition et disparition au sein même du silence de notre être. Ce dernier est le dénominateur commun à toutes les perceptions, incluant l’autre et le monde. Une fois qu’il est vu et réalisé que la joie est notre propre nature, et ne dépend nullement d’un objet quelconque, une forme d’autonomie s’installe. Les actions qui vont alors prendre place ne sont plus des réactions visant à compenser un sentiment de manque, de vide ou de solitude. La joie peut alors être partagée, exprimée, et induire ainsi des interactions par le jeu de la résonance, tout comme un soliste peut apprécier le duo ou la chorale. C’est alors une réjouissance, mais non plus une compensation.

Merci 🙏...Vous avez mis les mots sur ce que je percevais...et ici la conscience se reconnaît car vous lire me fait monter des larmes de Joie ❤ Tout cela est d'une telle beauté...