1. LE MOT ET LA RÉALITÉ : Dans le débat sur la Trinité, le premier argument qu’avancent souvent les antitrinitaires est que ce mot ne se trouve nulle part dans la Bible. L’argument est spécieux car il y a beaucoup de réalités de notre foi que nous vivons mais qui n’ont pas leur mot dans la Bible. Commençons par la Bible. Le mot « Bible » est-il biblique ? Où est-ce que les Apôtres ont utilisé ce mot pour désigner la collection des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ? En tout la Bible parle du « livre de la loi », des livres, des écritures… mais non de la Bible. Le mot « Bible » est donc sur la Bible sans être dans la Bible. C'est Jean Chrysostome qui au cinquième siècle aurait le premier employé le mot grec Biblia (nom pluriel) pour désigner les textes sacrés. A côté du mot Bible, il y a plusieurs réalités du monde chrétien dont le mot ne se trouve pas dans la Bible : évangélisation, convention, séminaire, brochure, émission, congrès, campagne, synthétiseur… Nous utilisons ces mots et vivons leur réalité, même s’ils ne sont pas dans la Bible. Pour revenir à la Trinité, disons que la réalité est bel et bien présente dans la Bible, même si le mot n’y est pas.
2. L’ANCIEN TESTAMENT : QUELQUES FLASHS SUR LA TRINITÉ
Déjà le premier verset de la Bible parle du Dieu unique au pluriel : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » (Genèse 1, 1). Le texte original en hébreu dit : « béréchit bara élohim 'èt hachamayim vé'èt ha'arets ». Notons que le mot « Elohim » (pluriel d’Eloah) veut dire « les dieux ». Mais dans cette phrase le verbe « bara » est à la troisième personne du singulier de l’accompli (temps du passé). Dans ce sens, la traduction littérale serait : « au commencement, les dieux CREA les cieux et la terre ». Avec ce premier verset de la Bible, le pavé est jeté dans la mare : Dieu est un pluriel qui se conjugue au singulier. Dans plusieurs autres textes, le Seigneur utilise le « nous » qui plus qu’un pluriel de majesté est considéré comme un pluriel délibératif qui suggère la Trinité (Genèse 1, 26-27 ; 3, 22 ; 11, 6-7 ; Isaïe 6, 8). D’autres textes de la Bible affirment que le Fils et le Saint Esprit étaient à la création (Job 33, 4 ; Psaume 104, 30 ; Colossiens 1, 16) Dans l’Ancien Testament, Dieu va continuer à nous donner les flashs de la Trinité. En Genèse 18, 1-3, Abraham voit trois hommes qui viennent vers lui mais il leur parle au singulier : « Monseigneur, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer près de ton
serviteur sans t'arrêter » (Genèse 18, 3) Trois hommes sont arrivés chez Abraham (v.2) mais dans la suite du texte, on nous parle de l’hôte (v.10), de Yahvé (v. 13.14.17.19.20…) Après, on distingue Yahvé de deux autres qu’on appelle anges (22,33 ; 19, 1.15), hommes (19, 5.10.12.16) et que Lot nomme « messeigneurs » (19, 2) mais aussi « monseigneur » et leur parle au singulier comme s’il s’adressait à Dieu lui-même (19, 18-24). Ce texte, sans être trop précis, introduit déjà l’idée d’une pluralité en Dieu. Il y a un autre texte important de l’Ancien Testament qui nous parle de cette pluralité en Dieu. C’est le Psaume 110, 1 : « Oracle du Seigneur à mon Seigneur ». Alors que le « Shema Israël » dit que le « Seigneur est un », ici le Seigneur dit à un autre Seigneur de siéger à sa droite. Et ce texte est cité dans le Nouveau Testament pour affirmer la seigneurie, la divinité du Christ (Matthieu 22, 44 ; Marc 12, 36 ; Luc 20, 42 ; Actes 2, 34-36). On peut aussi à juste titre citer ces textes : « Voici mon serviteur, que je soutiendrai, Mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J'ai mis mon esprit sur lui ; Il annoncera la justice aux nations. » (Isaïe 42, 1) ; « Approchez-vous de moi et écoutez ceci : dès le début je n'ai pas parlé en cachette, lorsque c'est arrivé, j'étais là, et maintenant le Seigneur Yahvé m'a envoyé avec son Esprit. » (Isaïe 48, 16) ; « L'Esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m'a donné l'onction » (Isaïe 61, 1)
3. LE NOUVEAU TESTAMENT : DE LA « BINITÉ » A LA TRINITÉ
Lors de notre critique du modalisme, nous avions fait référence à ces textes qui parlent du Père, du Fils et de l’Esprit comme trois personnes distinctes. Mais puisque la révélation est progressive, disons que la Bible, parlant de Dieu, nous l’a présenté successivement comme un, puis comme « bine » et enfin comme trine. Dans l’Ancien Testament, c’est l’affirmation de l’unité stricte de Dieu, avec, bien entendu, des flashs dont nous avons parlé. Avec la venue de Jésus, c’est la « binité » qui est apparue à travers plusieurs textes, notamment chez saint Jean. Arrêtons-nous à ces quelques textes : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. (…) Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1, 1.14)...
7 июн 2020