J'ai vu The creator comme un film tiraillé entre son envie de nous plonger dans son monde et d'y raconter l'histoire tragique d'une libération (-ici celle de machines- ce qu'il réussit partiellement) et sa nécessité de se conformer aux résultats de projections tests et aux exigences théoriques du marché. Edwards pris au milieu, tente le compromis et expédie par exemple, 3 gags d'affilée en début de deuxième acte sans que le ton général du film n'assume ni avant, ni plus jamais ces espèces de bouffées délirantes. Inexplicable et étrange, pour le moins. Un peu comme les diverses ellipses trop soudaines et resserrées pour être honnêtes. On sent qu'il aurait voulu pouvoir être autre chose. Une chose plus imposante, importante, cohérente et monolithique, allant au bout de son propos. Mais comme s'il était constamment soumis à une épée de Damoclès en orbite géostationnaire, (à l'image de la station Nomad qui menace nos héros fugitifs du début à la fin), on sent le récit malmené et non pas mal mené. Au contraire, j'ai passé la séance à me dire que Gareth Edwards se débattait sans cesse pour arriver à ses fins, fuyant les mauvaises lunes des financeurs. Et dans une certaine mesure, ça marche pour moi. Oui, il n'y a rien des très nouveau dans cette histoire ou son discours, si ce n'est d'être pour une fois du côté des machines, comme cela a été dit. Des machines montrées ici plus humaines et avancées philosophiquement que cette "Humanité" sous syndrome post-traumatique, qui cherche à tout détruire plutôt qu'à se guérir elle-même. Les inspirations très ambitieuses sont là, et un peu trop visibles à mon goût, mais le film est splendide visuellement (tout de même il y a des plans saisissants et on ne peut pas enlever cette qualité de visionnaire au réalisateur). J'ai trouvé que les acteurs le portaient admirablement (on les sent tous très impliqués, au point qu'on se demande s'il ne manque pas 1h de scènes dans le montage final). À l'image de ce qu'il avait fait dans Rogue One (avec lequel le film dialogue beaucoup), la violence ressentie lors des scènes de guerre est très marquante. Pour un budget relativement bas en comparaison de ce qui se pratique dans le blockbuster moyen depuis 10 ans, le film s'en sort plus qu'honorablement et va, malgré ses quelques écueils de montage et d'écriture, au bout de son récit dans un final spectaculaire, émouvant, et j'ose le dire plutôt intelligent. Vous l'avez compris, j'ai bien aimé le film pour ce qu'il est, plus que je ne l'ai détesté pour ce qu'il n'est pas. J'ai trouvé Antonin un peu raide dans sa critique alors je me suis permis ce pavé bien trop long pour internet :) Mais je vous aime aussi les gars. Alors je vais tenter de voir ce documentaire que vous m'avez si bien vendu! En revanche j'encourage tout le monde à donner sa chance à The Creator. Il le mérite. Merci pour ce que vous faites! Surtout continuez!
