LES FORÊTS PEUVENT-ELLES FAIRE PLEUVOIR ? 

Bonjour, ingénieur météo indépendant, j'effectue des conférence sur le changement climatique autour de chez moi, en région méditerranéenne. Je suis bien sûr parfaitement d'accord avec votre vidéo, mais je constate qu'il manque une information cruciale qui induit beaucoup de personnes en erreur. En effet, j'entends dire que les forêts attirent la pluie et que les arbres permettent de faire entrer sur les continents les pluies océaniques. SI on prend la forêt amazonienne, on peut dire que ceci est mal formulé mais que le résultat est juste. Le problème est que cela est étendu à la moindre plantation d'arbres. Il y a donc des villages qui souffrent de sécheresse et qui plantent quelques hectares de résineux ou de paulownias et qui sont ainsi convaincus qu'il va se mettre à pleuvoir sur leur commune. Ces plantations sont bien sûr des bonnes nouvelles, mais dans un climat méditerranéen en voie de désertification et très venteux (zone Perpignan/Corbières/Béziers) cela pose plusieurs problèmes : essences rarement bien choisies pour résister au climat futur, manque d'eau pour que ces arbres se développent normalement voire restent en vie, déception à venir sur l'évolution de la pluviométrie de la commune. Il me semble qu'il serait ainsi nécessaire d'ajouter un point sur les ordres de grandeur : Même 10 hectares de foret (ce n'est jamais autant) ne peuvent créer de la pluie localement avec nos types de masses d'air chaudes, sèches et venteuses. Au mieux, cela va apporter une humidité ambiante et une rosée plus importantes les jours sans vent. Au mieux, ces arbres survivront et stockeront du CO2. Au mieux, ils limiteront l'évaporation des précipitations pendant leurs derniers mètres de chute. Mais en ajoutant tous ces "au mieux", on obtient une amélioration balayée de multiples fois par le changement climatique local. Ce genre de croyance en les vertus des moindres plantations d'arbres sont entretenues par des exemples où une personne ou un couple a localement reforesté une vallée désertique. Mais là encore, les ordres de grandeur sont oubliés : quels moyens financiers, quels moyens humains, quelle disponibilité souterraine de l'eau, ont permis de reforester quelques hectares ? De la réponse à ces questions, on voit toujours que cela n'est pas portable sur de grandes superficies, sauf si tous les pays décidaient de consacrer leur budget militaire à la reforestation. En conclusion, je pense qu'il faut protéger les grandes forets existantes (plusieurs milliers d'hectares minimum), car elles ont un rôle bénéfique sur les gaz à effet de serre et sur la pluviométrie locale. Il faut aussi encourager toute nouvelle plantation d'arbre. Mais il ne faut pas faire croire qu'après avoir planté un arbre il va pleuvoir sur son jardin et que l'on peut partir en vacances en avion à l'autre bout du monde ou à l'autre bout du pays le temps d'un week-end. LES ORDRES DE GRANDEUR, c'est ce qui manque aujourd'hui dans l'esprit de tous ceux que je rencontre pour bien comprendre la taille du problème et la dimension des réponses à lui apporter. Merci pour votre lecture de ce commentaire et peut-être pour l'ajout de cette précision dans votre vidéo...

Depuis plus de 30 ans les climatologues disent bien, qu’avec le dérèglement climatique, il n’y aura pas moins d’eau mais une dégradation de la répartition annuelle des pluies : inondations l’hiver et sécheresse l’été, exactement le scénario qui s’installe durablement en France et partout dans le monde. Une pluie même forte n’est pas un raz de marée mais elle le devient automatiquement quand on ne régule pas les ruissellements en amont des bassins versants. Le bon sens aurait voulu qu’on anticipe en construisant des retenues en amont des villes pour maintenir un débit acceptable et plus régulier en aval tout au long de l’année, mais depuis quelques années l’administration ordonne la destruction des ouvrages sur les rivières au nom de la continuité écologique, ce qui a amplifié massivement un phénomène parfaitement prévisible : quand l’eau s’écoule plus vite elle s’écoule moins longtemps ! La France et l'Europe font systématiquement et méthodiquement l'inverse de ce qu'il faut faire, à commencer par détruire les barrages quand on manque d'eau et d'énergie ...