Merci, c'est passionnant! Faire l'histoire par en bas est quelque chose de super important, pour ouvrir des brèches dans le récit national qui ne parle que des dominants, des rois, des grandes hommes. Je suis en particulier toujours frappé de combien l'histoire coloniale de la France est tue. A l'école, on apprend des trucs sur la décolonisation, mais jamais sur la colonisation! Jamais sur l'esclavage! On connaît bien mai 68, mais qui connaît les événements de 67? Trop peu de gens, beaucoup trop peu. Autre exemple: alors même que des gens osent encore se réclamer de Bonaparte, qui rappelle que ce type était un esclavagiste sanguinaire? Là encore, cette histoire est tue. Et quand enfin on fait cette histoire-là, c'est pour parler des grands hommes dans la métropole, ceux qui ont aboli l'esclavage en particulier. Mais qui rappelle, comme le fait ici Zancharini-Fourmel, que cette abolition a fait l'objet de luttes? Qui montre les esclaves comme acteurs de leur propre histoire? Trop peu de monde. C'est valable tant pour la première abolition de l'esclavage évoquée ici que pour la deuxième, en 1848: le nom et l'action de Schoelcher sont connus, à juste titre, mais on oublie un peu vite que ce qui a permis qu'il abolisse l'esclavage, c'est surtout une insurrection d'esclaves! Bref, faire l'histoire des opprimés, des luttes et des rêves, mais aussi de leur vie, tout court, est quelque chose de super important, tant d'un point de vue historique que politique. Merci beaucoup pour cette interview! Petit détail technique cependant: on entend mal la voix de l'intervieweur, ce qui gène parfois la compréhension.