J'ai visité l'expo sans jugement a priori. J'ai trouvé qu'elle donnait raison à tous les détracteurs de l'art contemporain, et qu'elle contribuait largement à en donner une image négative. Si c'est la difficulté de mise en œuvre qui donne de l'intérêt à ce travail, appelons ça de l'artisanat... A cette différence près que l'artisanat est censé avoir une fonction, une utilité. Si ça n'est pas la difficulté de mise en oeuvre, qu'est ce que c'est ? Parce que c'est le seul critère mis en avant, pour des objets dont la plupart ne sont ni beaux ni expressifs... Il y en a même auxquels, malgré toute la bonne volonté du monde, on trouverait difficilement une interprétation : les gros cubes blancs empilés, en début d'exposition, ou le pneu incrusté de diamants. Alors si ça n'est pas beau, pas utile, et ne présente même pas de signification particulière, qu'est ce que c'est ? Qu'est ce qui fait de ça de l'art ? J'ai sûrement besoin de cours là-dessus, mais pour l'instant j'ai du mal à comprendre en quoi la mise en place d'un travail fastidieux, incluant des ouvriers spécialisés, des dispositifs techniques complexes, et des matières premières exorbitantes, pour un résultat auquel de toute évidence la plupart des visiteurs ne trouveront pas d'intérêt (c'est peut-être un biais que d'émettre ce postulat en me fondant sur mon entourage), ça peut être appelé "de l'art". Je suis ouvert à la contradiction, et j'espère qu'on me réveillera... Mais là je vois pas...
En 1927 les critiques qualifiaient les nymphéas de Monet à l'Orangerie de “diagrammes polychromes d’une affligeante monotonie“. Le travail de Claude Monet semblait vraiment sans intérêt, un barbouillage de couleurs qui ne raconte rien, qui ne représente rien et semble à peine décoratif. En visitant cet œuvre monumentale à l'orangerie pour la troisième fois, j'ai enfin réalisé que Monet n'avait pas peint un paysage mais le reflet d'un paysage dans l'eau. Toute cette œuvre n'est que le reflet de ce qui se trouve derrière lui. J'ai aussi réalisé que Monet était à la fin de sa vie et qu'un tel choix artistique se chargeait alors de plein de sens et d'émotion. L'intérêt de certains œuvres contemporaines (il y a aussi du mauvais comme partout) est dans le parcours, parfois complexe, qu'elle vous invite à faire pour accéder à l'émotion. Il semblerait qu'aujourd'hui que nous n'acceptions plus l'effort qui consiste à accéder à l'émotion plutôt que de l'avoir servie instantanée sur un plateau. Si l'émotion et le sens n'est pas immédiat, on zappe et on va se titiller les neurones avec des séries TV, des chaines info et des réseaux sociaux. Pour ma part je n'ai jamais apprécié une grande œuvre classique à la première écoute. Il m'a fallu trois ou quatre écoutes pour comprendre certaines œuvres de Mozart ou Stravinsky. Par ailleurs, j'aime danser sur un titre de pop qui me charme dés la première écoute. Je ne vais pas pour autant décréter que Beyonce est bien plus intéressante que Mozart.
@@madiel9999 Mozart était aimé à son époque dés la première écoute, je ne sais pas si l'hermétisme est un argument de qualité. 😁 On peut aussi trouver que cela n'as pas d'intérêt, et ce sans manques de "culture" ou d'attention et d'investissement. D'ailleurs, c'est parfois une trop grande attention ou un investissement dans certaines formes d'arts qui nous coupe d'une rencontre avec une œuvre, moderne, classique ou contemporaine. Si la critique était à coté de plaque avec Monet de manière péjorative , elle pourrait l'être aussi de manière mélioratif avec les œuvres d'aujourd'hui ?
La ville de Paris donne environ 8 millions d'euros par an au MAM, et le reste provient du mécénat privé, dont une Société des amis du MAM, plutôt généreuse. Le tout finance 4 à 6 expos par an.
