Portrait du bonheur de Thérèsa, centenaire
Pour Thérèsa, de parents migrants italiens de la province de Venise, avoir 100 ans le 25 février 2024, ce n’est pas très important, voire anodin. Ce qui est significatif, pour elle, c’est la rondeur et la magie du nombre 100. C’est vrai que chez les « Thérèsa », vivre très vieux c’est un peu banal. Ainsi sa mère est morte à 106 ans, son grand-père a 94 ans et sa sœur cadette a actuellement 96 ans… Tout cela est rassurant pour ses enfants, surtout d’avoir comme Thérèsa une promesse de vieillesse active. Thérèsa illumine de ses rires, de sa joie d’être là chez elle. Elle a, comme on dit, « toute sa tête. Elle nous raconte sa vie avec parfois malice et émotion. Elle peint depuis ses 90 ans environ 3 tableaux par an. Elle s’emporte de plaisir en parlant de son amour de l’opéra, de Puccini, de la Tosca. Elle chante, déclame, lit des magazines comme Sciences et vie et d’autres livres. Elle vit chez elle en ville de Chalon et ne veut surtout pas connaître l’EHPAD. Thérèsa fait encore la cuisine… ! Elle nous parle, avec des yeux pétillants, de son lapin gibelotte suivi d’un flan. Elle est un peu gourmande, notre Thérèsa, dans la vie, il n’y a pas, nous dit-elle, que la polenta, le plat de son enfance et de sa vie. Elle fait aussi un peu de ménage. Elle a le grand bonheur, essentiel pour elle, de pouvoir se déplacer… certes avec une canne, mais quand même. Elle a aussi la joie d’avoir une famille attentive, notamment sa fille Christiane qui ne vit pas loin d’elle. Quand on voit Thérèsa, on a envie de vivre jusqu’à 100 ans, ce qui n’est pas toujours en rencontrant des centenaires.
Thérèsa, c’est encore la vie, la vie active. Dans ce portrait, elle se raconte, toujours avec modestie. Thérèsa n’est pas une vedette certes, mais son histoire est une leçon de vie, simple et humaine.
Comme tout le monde, Thérèsa a connu des moments malheureux, difficiles. Elle parle, douloureusement et sans s’attarder, de la mort de ses deux frères, morts tragiquement à 15 et 20 ans. Bien sûr la Seconde Guerre mondiale l’a marquée, même si elle vivait dans un petit village vers Toulouse. En 1946 elle quitte, à 22 ans, sans ses parents, sa campagne pour la grande ville de Paris. Elle a 3 enfants, deux filles et 1 garçon, un bonheur familial. Sa vie parisienne comme caissière de change au grand magasin parisien des grands Boulevards « Le Printemps » puis employé de bureau chez le couturier Jean Dessès lui plaît beaucoup. Hélas, son mari, ancien magasinier, est atteint de la maladie d’Alzheimer… elle s’en occupe pendant 20 ans. La maladie éprouvante de son époux l’a fait quitter Paris, en 2004, pour Chalon, où vit sa fille aînée Christiane.
Elle trouve que les gens de maintenant sont plus indifférents, plus exigeants et pourtant il y a plus de choses faites pour eux, qu’avant, pour les aider. Elle rêve d’une société plus franche, plus solidaire, plus tolérante. La guerre en Ukraine ne lui plaît pas et lui fait un petit peu peur, peur de ses souvenirs de sa guerre 40-45. Elle est consciente, et révoltée, de la menace atomique
Profitez de la vie, nous dit-elle, elle dont son cardiologue lui a prédit de vivre au moins jusqu’à 110 ans.
Bonne route Thérèsa et restez ce que vous être, un miroir du bonheur.
28 сен 2024
