Pompiers, héros du quotidien 

Après les policiers, les gendarmes et les médecins, aujourd'hui, c'est chez les pompiers de Paris que la grogne monte. La BSPP, la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, le métier le plus aimé des Français, traverse une crise sans précédent. Depuis la disparition du service national, la célèbre institution manque d'effectif et les jeunes ne se bousculent plus pour y entrer. Surcharge de travail, casernes vétustes, sollicitations pour des secours non justifiés, difficultés d'intervention dans certaines banlieues chaudes, caillassages, des conditions de vie et de travail qui ne facilitent pas le recrutement. Avec plus de 450 000 interventions l'année dernière et 1 267 sortie par jour, les pompiers de Paris sont partout. En 10 ans, les interventions ont augmenté de 70%, mais les effectifs sont restés les mêmes. Comment faire face devant une telle sollicitation. Comme les gendarmes, leur statut militaire leur interdit de se syndiquer ou même de manifester. Pourtant, le malaise est là. À la caserne d'Aubervilliers, l'adjudant Ligier est inflexible sur l'entraînement et sur la discipline. Ici, les hommes doivent affronter les feux les plus dangereux et les plus spectaculaires de la capitale : entrepôts gigantesques, dépôts d'alcool et d'hydrocarbures. Patron de ces " guerriers du feu ", considérés comme l'élite de la profession, il a l'œil à tout, même aux corvées de rigueur pour les nouveaux... " Pompon " est caporal à la caserne de Ménilmontant, souvent sollicitée pour le secours aux victimes. Plutôt que de faire appel à la police ou aux services médicaux d'urgence, les Parisiens préfèrent en effet composer le 18 : ils savent que les pompiers arrivent sur place dans les minutes qui suivent. D'où des demandes d'intervention pas toujours justifiées, que les pompiers ont baptisé la " bobologie "... À la caserne d'Aulnay-sous-Bois, les pompiers sont souvent pris entre deux feux : dans les cités des banlieues chaudes, ils servent de cibles aux bandes de jeunes qui mettent le feu aux poubelles ou aux voitures et jettent des pierres sur les camions : un " caillassage " qui provoque des dégâts matériels et qui indigne les pompiers...