RENCONTRE AVEC... #20 Gabriel Martinez-Gros - La traîne des empires, impuissances et religions 

Passionnant.

Il n'y a rien d'exorbitant à repousser l'âge de la retraite quand on vit plus longtemps... en bonne santé : exception pour ceux ayant des problèmes physiques. Mais il y a un problème majeure, au moins en France : les employeurs, très souvent, ne souhaitent pas avoir des salariés âgés...

Comment la Grande-Bretagne est-elle devenue un empire ? Ils ont eu une petite population ? Même question pour l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas ou encore la Belgique. Ils ont eu tous leurs empires !

La facteur majeur, et de très loin, de l'effondrement de la biodiversité, est l'explosion démographique liée au développement de la l'industrie. Je ne m'attarderais pas plus à discuter ce fait que le réchauffement climatique. Donc, pour la biodiversité, la décroissance démographique évoquée est une chose. Mais, que je sois un biologiste de la faune ne me rend pas indifférent aux problèmes des populations et des sociétés humaines. Or, l'histoire montre, QUEL QUE CE SOIT LE SENS de variation, les changements démographiques RAPIDES ont des conséquences très NÉGATIVES car génératrices de violences extrêmes (d'États ou non) explosion démographique ou effondrement. Le meilleur compromis serait sans doute 1,9 enfant par femme : très lente décroissance. Bien entendu, quand une population en expansion conquiert le territoire d'une autre, qu'elle submerge, voire anéantie, elle est très peu consciente du bilan négatif pour les envahis. Mais, perçu ou non, le fait est là. Pourquoi la croissance économique continuelle, impossibilité physique, serait-elle souhaitable ? Keynes a écrit que : a) la croissance était nécessaire car une masse de personnes étaient encore dans le besoin. b) on n'allait pas continuer indéfiniment : quand on aura assez, on s'arrêtera pour profiter de ce qu'on matériellement. Et accorder une place croissante, en temps vécu par l'humanité, a des activités autres que produire des bien : par exemple la recherche en sciences humaines, sciences physiques et biologique, à l'art, la littérature, la musique, la contemplation, au bricolage, aux amis, aux conversations. Travailler sur la faune sauvage permet de joindre activité intellectuelle, contemplation esthétiques, émotions, partage de celle-ci et... un exercice physique ne rendant pas nécessaire de faire du sport pour le sport. On peut aussi y contribuer comme bénévole pendant ses loisirs. Je préfère la sobriété non misérabiliste qu'évoque Jancovici, avec des activités peu gourmandes en énergie, que la névrose collective du toujours plus, laquelle devait conduire à faire un idéal de l'obésité ah : ah ! ah ! La nature est source de joies solides qui ne coûtent pas grand chose. Je ne sais plus officiel s'est donné le ridicule (un de plus!) de nous exhorter à baisser le chauffage à 19°C ! Bien qu'ayant atteint un âge où la résistance au froid diminue, je me contente en hiver de 16°C et de m'habiller chaudement. Comme l'ont toujours faits les humains soumis à des hivers et aux synapses correctement branchés. J'ai lu que, avant 1914, même les familles royales et impériales faisait de même. Non, le gaspillage du surchauffage, nocif à la santé, aux finances, à l'environnement, à la balance commercial, à la nature, n'est pas un confort raffiné, mais un comportement d'irresponsable manipulé par la publicité. Certes, confronté à une maladie douloureuse incurable, à la torture, au camp de concentration, à la mort d'un enfant, je comprends tout à fait qu'une foi puisse être une consolation. Encore plus dans les siècles où même les plus riches et les plus puissants eux-mêmes ne pouvaient rien contre de multiples maux physiques. Mais je sais que cela ne peut pas être ma démarche. Rien ne m'a plus détaché de la religion que les réponses du prêtre au catéchisme à mes questions sur le paradis. Ses réponses ont été très décevante, une prétendu "bonheur" désincarné, sans saveur ni odeur. J'en étais même pas triste mais j'ai vécu cela avec un certain dédain : "Quoi ? Ce n'est que cela ?" Une extase qui peut plaire à des drogués, mais j'aime encore mieux profiter des beautés de ce monde, de la Nature et de la Culture pendant quelques décennies, puis disparaitre. Je n'ai jamais eu un ego surdimensionné au point de m'imaginer avoir une importance majeure. D'accord, je préfererais l'éternelle jeunesse mais à quoi bon se lamenter sur ce à quoi on ne peut rien ? Le paradis des chrétiens ne m'attire pas plus que le nirvana . À quoi bon être "éveillé" si c'est pour contempler... quoi ? Son nombril ? Un Dieu ? Me satisfaire d'un être parfait mais unique entouré de milliards d"âmes béantes d'admiration ? Ou de contempler le Cosmos en majeure partie sans vie ? Dans l'énormité du Soleil il y a essentiellement deux éléments : hydrogène et hélium. Le moindre Insecte, la moindre Mousse, une Paramécie d'une fraction de millimètre ont des milliers de gènes. Rien de tout cela ne vaut quelques décennies sur Terre avec la diversité des cultures humaines, 70 000 espèce de Vertébrés, 500 000 espèces de plantes, plusieurs millions d'espèce d'Invertébrés. J'ai pris conscience que mon Paradis aurait été... cette bonne vieille Terre sans les emmerdements ! Avoir une multitude de réplications de cette Terre, de façon y vivre à densité faible, dans une éternelle jeunesse (pas trop jeune quand même : entre 30 et 45 ans) avec une biodiversité d'avant son extermination par Homo sapiens. Au fond, une vie comme celle des dieux grecs, avec corps, amour inclus... Mais quand même plus sages qu'eux, surtout du point de vue des colères et affrontements... " Celui qui croit que croissance peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste." fr.wikipedia.org/wiki/Kenneth_E._Boulding. Pascal dit que le le malheur de l'homme vient de son impossibilité à rester seul et en repos. On pourrait dire aussi que, du point de vue matérielle, le malheur du plus grand nombre comme des décideurs et de n'avoir pas assimilée ce qu'est une exponentielle... Dès l'adolescence, avant d'avoir les concepts, j'étais réticents devant ce "toujours plus", compétition incluse, ce culte de l'outrance qui a été l'idéologie dominante depuis le tout début du XIX° siècle. Avant même de connaître le terme d'ὕϐρις et de connaitre le concept, très jeune j'avais une réticence devant ce fond commun de tant d'idéologie par ailleurs antagonistes, le sentiment que c'était non seulement ravageur mais irréaliste. Pourquoi ce dédain pour la mesure, comme l'on fait bien des philosophes, de l'antiquité à nos jours, et sans dédain pour ce monde ?