L'inconfort provoqué par l'inauthenticité est ce que les existentialistes appellent « culpabilité existentielle ».
Cette culpabilité n'est pas à confondre avec celle que nous éprouvons quand nous avons fait quelque chose de mal. Elle est aussi différente de la culpabilité névrotique qui consiste à imaginer que nous avons fait quelque chose de mal simplement parce que nous avons appris à avoir peur de notre propre liberté d'action. Nous ne sommes pas coupables parce que nous n’avons pas respecté les normes des autres ou parce que nous nous sommes mal comportés, mais simplement parce que nous ne sommes pas à la hauteur en tant qu’êtres humains.
La culpabilité existentielle est ce que nous ressentons quand nous percevons que nos actions sont en deçà de notre potentiel.
Il est important de noter que la plupart des philosophes existentiels supposent que la vie humaine nous exposera inévitablement à l'échec et donc au sentiment de culpabilité existentielle. Nous sommes toujours en dessous du champ des possibles, ne serait-ce que parce que nous faisons des choix. Nous sommes toujours capables d'être plus vivants, plus ouverts, plus fidèles au potentiel de la conscience humaine que nous ne le sommes réellement. Nous sommes donc condamnés à ressentir une culpabilité existentielle, comme nous sommes condamnés à ressentir une anxiété existentielle ; en grande partie parce que nous sommes, comme l'a dit Sartre, "condamnés" à la liberté.
Dans la culpabilité existentielle, nous entendons l’appel de notre conscience, et cela doit être pris très au sérieux. Selon Heidegger, cette culpabilité a précisément pour but de nous signaler que nous devons nous reconnecter à ce que veut dire « Etre Humain ».
Ceci explique pourquoi la négation du « donné » et de la liberté qui encadrent l’existence a des conséquences inquiétantes et même destructrices pour la personne et la poussent à entreprendre une thérapie.
6 авг 2020
