À l’occasion de l’exposition sur les chrétiens d’Orient à l’Institut du monde arabe à partir du 25 septembre, La Croix donne la parole à plusieurs d’entre eux pour qu’ils racontent leur histoire à travers un objet.
Arrivé d’Irak en France à l’âge de 8 ans, Joseph Alichoran est l’un des 20000 membres de la communauté chaldéenne en France.
Ce professeur de langue a à cœur de faire vivre la culture chaldéenne et le soureth, l’araméen moderne, notamment auprès des plus jeunes.
Réalisation : Julien Duriez et Flavien Edenne
- TRANSCRIPTION -
Je suis Joseph Alichoran, je suis natif du nord de l'Irak, de Duhok, qu'on appelait autrefois Nūhadrā, j'ai fait toute ma scolarité en France.
En plus de ma casquette d'enseignant d'araméen moderne, je suis spécialisé dans l'histoire contemporaine de ces communautés et je travaille régulièrement sur l'histoire mais aussi sur la langue.
Le Sureth c'est le dialecte araméen moderne, dans sa branche orientale, qui est commun aux chrétiens du nord de l'Irak, du sud de la Turquie, du nord-ouest de l'Iran, du nord-est de la Syrie.
Alors ça c'est un manuscrit de la liturgie de l'église de l'Orient, chaldéenne ou nestorienne, puisque c'est la même liturgie.
Ce manuscrit est l’œuvre d'un moine copiste de la congrégation de Saint Ormes Daz, qui est la congrégation qui est à Alqosh notamment.
Il a été écrit le 24 août 1887, à l'époque du Pape Léon XIII, comme c'est spécifié ici à la fin dans le colophon.
Donc le lien il est à la fois religieux, puisque c'est quand même ma foi qui ressort dans ce texte, mais c'est aussi un lien avec cette culture, avec cette tradition, et contrairement à ce qu'on dit toujours l'araméen n'est pas une langue morte, c'est une langue vivante puisque nous continuons à la parler, et à prier dans cette langue dans nos différentes églises, c'est très important à souligner, l'araméen n'est pas une langue morte.
En diaspora, pas seulement en Europe mais même aux États-Unis, en Australie, un peu partout, il y a des choses qui restent, notamment il y a la musique qui aide, il y a beaucoup de chanteurs dans cette diaspora qui continuent à chanter en Soureth, donc ça ce sont des choses par exemple que les jeunes vont écouter dans leur voiture ou sur leur téléphone.
Donc ça c'est intéressant parce que ça peut être aussi un vecteur pour les intéresser à leur langue, le fait d'écouter de la musique qui est chantée en Soureth, et le fait de vouloir susciter un peu leur curiosité à essayer de comprendre ce qui se dit dans ces chansons.
Donc je pense que la musique peut avoir un rôle là-dedans.
4 окт 2024