La mise en récit de sa vie se démocratise aujourd’hui de plus en plus avec de nombreuses attentes, au risque d’en arriver aux fameuses “illusions biographiques” dénoncées dans les années soixante-dix par Pierre Bourdieu. Car, si la narration est maintenant parée de toutes les vertus notamment en cas de vécu extrême - justement là où sa mise en mots bute sur des impasses -, et si nous constatons bien que le récit peut être travaillé avec des attentes thérapeutiques ou cathartiques voire formatives, peut-il être considéré "en soi" comme facteur de résilience, ou permet-il d’en révéler, après coup, l’éventualité ? Est-il porteur d’émancipation possible de ce qui a été subi, ou au contraire enfermement de sa vie dans des mots qui fixeront les traumatismes en un présent sans fin ? S’oppose-t-il au "silence" ?
1 окт 2024