Cannes 2023 - Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan 

J'ai vu le film hier soir. Donc, 3h17 de long. Une telle longueur ne me gêne pas : pour moi, c'est un prolongement du plaisir cinématographique. C'est un film intello, trop intello à mon sens, de la parlotte quelque fois interminable, des échanges verbaux à ne pas finir, surtout le soir où il va seul chez la fille, dans son appartement, avec le bouquet de fleurs. Des fois ça devient pesant. Dans "Wintersleep" c'était déjà comme ça! A nouveau le paysage est hivernal, avec des panoramas très beaux : la blancheur de la neige est purifiante! La passion photo du personnage principal m'a beaucoup plus, surtout pour les portraits montrés : très grande classe, pour les paysages très présents derrière les protagonistes sur les photos. Dommage que Ceylan n'ait pas exploité davantage la passion photo du héros en montrant d'autres portraits, en montrant comment il fait ses photos (il le montre juste une fois et c'est très humoristique)! Le personnage principal, professeur de dessin, est assez cynique, colérique, calculateur et profondément jaloux et envieux de son camarade colocataire! Alors qu'au début du film il se dit non intéressé par la jeune femme, professeure d'anglais, il va devenir la victime de sa propre jalousie de mâle conquérant quand il se rend compte que la fille préfère son copain, qui lui donne des heures de conduite dans sa vieille voiture. Comme il sent leur attirance réciproque, il fait tout pour doubler son collègue et coucher avec la fille en premier. On sent alors que chez son camarade il y a quelque chose de cassé dans leur rapport amical; aussi avec la fille, dont il était attiré, et qui fait semblant de ne pas comprendre la soudaine "retenue" de celui qu'elle préfère ! La prof d'anglais est tout aussi froide et cynique puisqu'elle conjure l'amant de ne surtout pas dire mot à celui qu'elle aime. Drôle de façon de vouloir commencer une relation avec quelqu'un en couchant d'abord avec le copain! En ce qui concerne la relation du héros avec l'adolescente, celui-ci fait une erreur fondamentale avec la fille : il garde le billet doux trouvé dans le cartable de l'élève lors d'une inspection menée par le directeur, billet doux qui lui est remis par la secrétaire accompagnant le directeur, billet doux dont on ne saura jamais à qui il était destiné ! Et à aucun moment le spectateur ne saura ce que contenait ce billet. Dommage! Pour moi, c'est une erreur dans le déroulement de l'histoire. On a l'eau à la bouche, mais la soif ne sera jamais étanchée! Une chose apparaît très clairement à la fin du film : par jalousie et pur désir de conquête libidineuse il couche avec la prof d'anglais, qui, elle, préfère son collègue! Son amour secret, c'est l'adolescente, qui à la fin du film est, tout d'un coup, de nouveau très gentille avec lui : on ignore pourquoi. Et on voit alors la projection mentale d'une scène de bataille de boules de neige du professeur de dessin! Marquant : le long portrait de l'ado avec la neige dans les cheveux fixant l'objectif ... Tout dernier point : la prof d'anglais est handicapée dans le film, un bout de sa jambe droite lui manque. C'est tellement bien fait quand elle se déshabille et qu'elle enlève sa jambe en bois qu'on dirait que c'est vrai. Quelqu'un est-il mieux informé? La fille est-elle comme cela dans la vie réelle? Pour conclure : sur une échelle de 5 j'attribue 3 points à ce film!

Film magnifique d'intelligence relationnelle, de profondeur, d'ambiguïté.. tous les détails ont un sens, ex les bottes de la petite soeur.. merci aux journalistes de ne pas raconter le film, mais d'en apprécier la virtuosité.

C'est le film que j'attends le plus cette année. Vous avez bien de la chance de l'avoir vu.

C'était très bien, et le film donne très envie ! Je suis heureux que ce réalisateur soit consacré, au-delà de Positif et de Cannes, avec des considerations qui lui collent trop à la peau (Il était le cinéaste insupportable à abattre à la sortie de Winter Sleep, au même titre qu'un Haneke). Je me permets simplement de rebondir sur un détail anodin : je crois que ça se dit "nUri BilGUÉ JEYYlaNN" !

Le nom du réalisateur se dit comme ça: Nouri Bilgué Djeylan

Prononcer ! Nouri Bilgué Djeïlane

there is a silent cruelty in his films which everybody shares and participates. the films drip you in by inches then you before the film and after the film is a different personality. it looks like we are social creatures but in dark deep we are ruthless, selfish ones. ceylan argues three things basically in his films. the condition of women, religion and Anatolia.

Le tour de force de NBC (réalisateur) est de faire un film en trompe l'oeil. On croit que c'est un film intimiste, il est, mais en partie seulement. En réalité, le personnage principal de son film, c'est la Turquie. Il y a beaucoup de références implicites aux problèmes que traverse son pays. Par exemple, on ne voit nulle part le portrait d'Erdogan. Mais en revanche, on voit le portrait de Mustafa Kemal, dit Ata-Türck, dans la caserne, dans l'école. La comédienne, dans une réplique dit (elle enseigne l'anglais) : je ne sais pas si j'apprends l'anglais ou si c'est les enfants qui m'apprennent le kurde. Dans le plan suivant, on entend résonner en fond, des rafales de mitraillettes. La déliquescence de l'organisation de l'enseignement public au travers du suivi de la plainte à l'encontre des deux professeurs. Il est souvent question d'Istanbul et de l'Organisation, entendue comme un mouvement d'opposition. La longue scène qui aborde le thème de l'engagement personnel, renvoie à la question de l'engagement politique par rapport à la situation actuelle de la Turquie. Et il y a bien d'autres insertions de ce type dans la film. Il faut également mettre en exergue la fabuleuse interprétation du comédien qui joue le personnage de Samet. Plus cynique et antipathique que ça, ce n'est pas possible. Il aurait mérité amplement le prix d'interprétation. Je suis moins convaincu par le prix d'interprétation féminine obtenu par l'actrice du film. Répondre