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De visione Dei de NICOLAS DE CUES 

Hervé Pasqua
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La théologie cuséenne du Verbe n’est pas sans filiation avec la pensée de Maître Eckhart, pour qui Dieu est Intellect. Nicolas reconnaît son influence dans l’Apologia doctae ignorantiae. Il s’en éloigne cependant. Le Thuringien distingue la Déité (Deitas) qui est unité pure et nue et Dieu (Deus) en tant qu’Intellect.
Cette thèse est déjà présente dans l’aristotélisme néoplatonisant d’Avicenne, pour qui l’Un est au-delà de l’Intellect : l’intellect est le Premier à s’intelliger en dehors de l’Un, qui demeure inintelligible . L’intellect s’intellige, tourné vers l’Un, en restant aveugle sur l’Un. Cette doctrine plonge et l’Intellect et l’Un dans la cécité : l’intellect, parce qu’il reste aveugle sur l’Un, et l’Un parce qu’il reste aveugle sur lui-même.
Plotin avait reproché à Aristote d’identifier le Principe à l’Intellect qui s’intellige (noesis noeseos) parce que, ainsi conçu, il disconvient à l’unité indivisible et nue de l’Un, car en s’intelligeant il se divise en ce qui intellige et ce qui est intelligé. Avicenne à sa suite et maître Eckhart ont ainsi donné à l’Intellect une totale autonomie en dehors de l’Un. L’Un, ne pouvant s’intelliger sans se diviser, rejette à l’extérieur l’Intellect (Noûs) hypostasié. L’Intellect se voit ainsi le regard tourné vers l’Un, mais le regard vide.
La doctrine cuséenne répond à la question de savoir comment l’Un, l’indivisibilité absolue, la simplicité maximale, qui est coïncidence des opposés, où tout est Un dans l’Un, peut s’intelliger, c’est-à-dire se voir ou se viser sans se diviser. Nicolas innove et transforme l’hénologie néoplatonicienne en donnant un regard à l’Un. Il met l’intellection sur le chemin de la vision grâce à sa conception de l’Unitrinitas qui est unitas, aequalitas et connexio.
L’unitas prend vie grâce à l’aequalitas et donne un visage à l’Un : voir est désormais l’essence de l’Un. Il est tout ce qu’il voit, il est tout ce que parcourt le regard. L’égalité soi avec soi conduit ainsi à la vision de Dieu, au sens du génitif subjectif aussi bien qu’objectif, au sens de Dieu qui voit et Dieu qui est vu. Elle conduit au face à face sans compromettre l’unité indivise de l’Un, parce que l’intellect n’est plus extérieur à l’Un.

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1 апр 2022

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Комментарии : 5   
@danieljacob2970
@danieljacob2970 Год назад
Je reviens vers cette vidéo après une première écoute il y a plusieurs mois. Vous écoutez deviens un vrai régal à condition toute fois d'avoir lu Maitre Eckhart (ou plutôt une synthèse des sermons allemands, Profondeur de l'intime d'Eric Mangin notamment) et Nicolas de Cues (la docte ignorance, GF) dans l'intervalle. Loin de m'en plaindre, avec vous la barre est hautement placée qu'il faut s'accrocher dur pour accéder à de tels sommets. Loin donc de toute la bouillie prédigérée qu'on nous donne aujourd'hui y compris hélas sur france culture (je ne prends même plus le soin de mettre les majuscules). A noter que je viens du monde des sciences et techniques. Merci à vous.
@hervepasqua4783
@hervepasqua4783 Год назад
Merci, Cher Monsieur, pour votre aimable commentaire ! Vous avez également accès à mon cours sur Maître Eckhart dans la même chaîne que vous trouverez en "fouinant" un peu... Cordialement, HP
@danieljacob2970
@danieljacob2970 Год назад
@@hervepasqua4783 Si vous le permettez, j'utilise cet espace, pour dire à quel point je trouve Nicolas de Cues d'une actualité très pertinente. Parmi les nombreux points brillamment développés dans la docte ignorance (concept ô combien pertinent dans le monde scientifique), il en est un qui m'a particulièrement frappé. Celui développé dans le livre II, chap.8, où si j'ai bien compris, il explique que bien que notre monde (on dirait notre univers), puissent être entièrement expliqué (du moins en principe), il n'en est pas plus pas moins que la contraction d'un acte liée à une contingence (la contraction pas l'acte) et que cette contraction s'est faite dans le cadre d'une contraction préalable des possibles liée à l'acte absolu (Dieu ou l'Un) et donc non contingente. Autrement dit et reformulé selon nos concepts d'aujourd'hui, on pourrait dire que Dieu (ou l'Un) est l'infini absolu enveloppant un multivers infini absolu (dans l'Un) et que notre univers n'est qu'un monde parmi les infinités de possibles (et donc pas seulement un monde "le meilleur possible"). Le fait de comprendre et donc d'expliquer (de déplier en quelque sorte) l'univers ne permet absolument pas de conclure quoique soit sur Dieu, c.à.d. sur l'inconnaissable. Pour un scientifique comme moi qui ne jure que par le principe de non-contradiction, je peux dire que ça bouscule sévèrement mes représentations (déjà fort ébranlées par ailleurs). Au delà de Nicolas de Cues, c'est toute ma vision du Moyen-Age qui est à reconsidérer. Je découvre une puissance dans la pensée (certes parfois plus proche d'une sophistique logicienne que philosophique) qui a atteint des sommets juste avant la chute de la renaissance. Chute dans la matière , une sorte de retour en arrière par une approche plus empiriste, et donc une rationalité plus quantitative (la ratio c.à.d. le rapport entre les choses, et non les choses en elles-mêmes) et moins qualitative (les essences). La modernité nous a fait "oubli" (anamnèse) l'importance de la spiritualité. Aussi un retour vers la philosophie du Moyen-Age n'a rien pour moi d'une démarche uniquement élitiste mais bien d'un sursaut spirituel nécessaire, vital dans un monde qui se présente en pleine déliquescence, ou du moins qui en présente tous les attributs si on se limite à ses représentations matérielles. Voilà pour faire très court un aperçu de ce que Nicolas de Cues suscite chez moi, c.à.d. une ouverture sur un "espace-temps" conceptuel et perceptuel vraiment infini.
@hervepasqua4783
@hervepasqua4783 Год назад
Oui, il y a beaucoup à dire... Concernant l'infini, il faut distinguer l'infini potentiel (ce à quoi on peut toujours ajouter quelque chose : l'un en tant que source du nombre : l'univers en expansion, ou un plurivers hypothétique) ) de l'infini actuel (ce à quoi on ne peut rien ajouter : on n'ajoute rien à l'être qui est déjà, il est un c'est-à-dire indivisible, alors que l'un en tant qu'un n'est pas..). Vous trouverez ces considérations plus développées dans mes cours enregistrés. Bien cordialement, HP
@danieljacob2970
@danieljacob2970 Год назад
Dommage aussi la fin très abrupte de cette conférence. On se sent "viré comme un malpropre" ;-)
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