Merci pour cette très pertinente analyse esthétique et politique d'un livre qui semble beaucoup plus "idéologique" (macroniste, c'est-à-dire d'extrême-centre capitaliste-autoritaire, comme vous le dites) que dialogique (au sens de Mikhaïl Bakhtine), puisqu'en véritable "roman à thèse", il met en scène une seule idéologie (et non une polyphonie de points de vue) ! Encore une belle preuve que les auteurs qui accusent la gauche d'être idéologique sont souvent eux-mêmes bien plus idéologiques - sans même, parfois, assumer ouvertement leur pensée réactionnaire, contrairement aux militants et aux artistes de gauche qui ne cachent pas leur point de vue situé.
@@sthesinger4527 Plutôt que de peindre les autres idéologies, il montre leur versant le plus caricatural et fait même certains contresens (et se défausse quand il faut donner la marche à suivre, même si je reconnais que ce n'est pas le but de la littérature). Mais bon, quitte à faire un constat cynique et surplombant comme ils aiment, autant tirer réellement sur tout le monde (et pourquoi ne pas commencer par son milieu, je suis sûre qu'il pourrait écrire quelque chose de croustillant et recherché sur la justice et/ou le champ littéraire).
J'avais beaucoup aimé Le voyant d'étampes mais je suis agréablement surpris de ton avis ! Il a reçu des critiques dythirambiques et j'avais bien fait d'attendre des critiques comme les tiennent ! Merci encore !
Si tu trouves un roman foutraque qui peut "briser en nous la mer gelée" (Kafka), je suis preneur, oui y'en a marre de la littérature bobo plan-plan nombriliste à la papa ! Tu connais "Zéro édition", la ligne éditoriale de cette jeune maison irrévérencieuse pourrait te plaire ...
@@yasminabehagle D'accord! Les paniques morales transformées en bouquin visiblement il y a un public intéressé. Je t'avoue que ça me dépasse. Sinon je voulais savoir ce que tu pensais de l'émission littéraire de Lilia Hassaine sur France Inter?
Merci pour cette critique, personnellement je suis plus pour que tu lises des livres qui te plaisent. J'ai recu le magazine chini chini cette semaine et j'ai hâte de le lire. Je voulais savoir si tu avais un avis sur Abdellah Taia, je ne l'ai jamais lu et je pensais que la sortie de son nouveau livre était une occasion et j'ai cru comprendre que son livre ne t'emballait pas (j'aimerais découvrir un peu la litterature marocaine).
Je pourrais peut-être essayer, car il est vrai que juger un livre sur son résumé, c'est trompeur. Mais quand on le regarde justement, le résumé (ainsi que ceux des autres auteurs dans la liste du Goncourt qui ont choisi pour thème le Maghreb), on (enfin moi) a l'impression que c'est toujours la même chose : non-dits, poids de l'héritage, retour au pays difficile. Je trouve que c'est dommage, chaque année en plus, c'est comme ça : il faudrait que je reprenne toutes les listes des sélections depuis 5 ou 6 ans, et que je lise les résumés les uns à la suite des autres : il y a toujours l'idée derrière que retourner au pays, c'est un sacrifice, un chemin de croix, politiquement, ça pose vraiment question (et aussi de ne jamais attendre de ces auteurs autre chose, ou que pire, eux-mêmes se sentent forcés de fournir tout le temps la déclinaison de la même histoire (même si je comprends aussi que ça peut être éclairant/important d'écrire sur le passé difficile entre la France et les pays qu'elle a colonisés) : ce serait bien qu'ils soient pleinement libres d'écrire des récits plus légers ou je ne sais pas, des enquêtes, des trucs d'anticipation ou politiques). Qu'ils ne soient pas obligés de se glisser dans une brèche pour répondre à une demande. Et ça, en plus, sans parler de certains d'entre eux qui sont devenus les coqueluches des droitards, je vois pas mal passer Houris par exemple, brandi comme un étendard contre "la civilisation barbare" (celui-là, j'aimerais bien le lire justement pour voir ce qui y est écrit, parce qu'il y en a marre que les femmes soient utilisés pour attaquer les autres cultures, surtout que les plus fervents défenseurs de ce bouquin ne sont pas des féministes chevronnés).
@@yasminabehagle merci pour ces explications, je ne m'étais pas rendu compte de ces similitudes dans les sorties de livres d'auteurs originaires du Maghreb mais c'est vrai quand on y pense. J'essaierai peut être quand même un livre de lui on verra bien. Bon dimanche et merci pour vos vidéos.
@@yasminabehagle disons, pour le formuler de façon moins lapidaire et provocatrice, que j'aime assez qu'on dégonfle les baudruches de la sacro-sainte (et néanmoins captivante, j'avoue encore) rentrée littéraire.
Première vue, je picore. Les notions actuelles : l'extrême centre, la condescendance, je rajouterai la marmite à touiller les "ismes barbares". J'ai aimé votre remarque : "avec autant d’âpreté que mes propres livres" et je reconnais là votre probité... Au final le portrait est celui d'un homme qui est imprégné de séries, d'idées toutes faites, sa manière de regarder est conceptualisée, rigide, elle ne surgit pas. En un mot, est-il en train de vieillir, de se racornir ? Com d'hab, vous écouter m'est salutaire. Votre façon de disséquer peut paraître cruelle mais vous gardez toujours votre humanité et même une certaine tendresse pour l'autre.
Merci Arsène :) Oui, j'ai eu souvent le sentiment lors de la lecture que le cap de la quarantaine (qu'il est en train de franchir si je ne me trompe pas) est difficile pour lui.
@@yasminabehagle Je vais avoir 70 ans et j'ai gardé "ce certain sourire". Je pense que vous l'aurez vous aussi. La seule chose, vieillir fait un peu peur car la vie va nous cabosser. Envoyez-moi ce presque jeune homme :)