Manifeste du parti communiste, Karl MARX & Friedrich ENGELS, 1848 - texte intégral, livre audio 

Ça n’est pas impossible, mais pas non plus une probabilité de premier ordre. Je n’ai pas une immense affection pour Lénine à la lecture. Bien sûr je le trouve régulièrement ingénieux, et il apporte des lignes théoriques précieuses, mais je le trouve souvent bêtement vindicatif aussi, et engoncé dans les bisbilles de son temps. Enfin, ce serait absurde de lui en vouloir. La position qu’il a occupée, et la tâche qui fut la sienne, l’ont par force placé au cœur des conflits. Mais quand on lit un livre - par ailleurs si rempli de riches analyses politiques et philosophiques - qu’est L’État et la Révolution, et que l’on voit la quantité de pages qu’il perd à étriller avec une joie mauvaise tel ou tel acteur politique de son temps souvent tombé dans le plus sombre anonymat depuis… on se prend à regretter qu’il ne s’en soit pas tenu à une analyse conceptuelle rigoureuse et dépassionnée des problèmes qu’il mettait sur le métier. Si d’aventure je lis quelque chose de Lénine sur cette chaîne, néanmoins, ce sera très certainement L’État et la Révolution.

Il serait certainement très content de recevoir tes gommettes 😂😂😂

Ouais nan peut être pas, le communismes a de bons points, mais il est très difficile à bien appliquer

Bonsoir Benoît, Vous m’avez fait peur ! En lisant l’amorce de votre commentaire, j’ai cru que vous aviez relevé une « grosse erreur » dès le début de ma lecture du texte ! Mais tout va bien : vous parliez du contenu même du texte. L’objection que vous soulevez découle d’une erreur de compréhension couramment commise face à Marx. Souvent, en effet, on lui reproche de proposer une approche du monde social trop binaire, qui serait inadaptée pour décrire la réalité des classes moyennes, artisans, indépendants (puis plus récemment celle des cadres). Au contraire, la philosophie marxiste propose un arsenal conceptuel idéal pour saisir la matérialité des relations sociales à l'œuvre dans tout cela. D’abord, il faut comprendre que la dichotomie prolétariat / bourgeoisie à elle seule ne prétend nulle part chez Marx saisir la totalité du monde social. Elle ne sert pas à cela. Elle sert à fournir les deux pôles du rapport d’exploitation capitaliste : pôle exploiteur et pôle exploité. Or, la totalité du monde social n’est pas engagée dans le rapport d’exploitation capitaliste - c’est encore heureux. Il y a des gens qui n’exploitent personne et qui ne sont pas eux-mêmes exploités, car leur domaine d’activité, les conditions dans lesquelles ils sont amenés à exercer leur métier et les ressources initiales dont ils disposent leur permettent de posséder leur outil de travail, de se rémunérer sur leur propre plus-value sans se la faire extorquer, et donc, de fixer librement leurs propres conditions et temps de travail selon leurs besoins sans être à la merci d’un employeur. C’est le cas d’un certain nombre de travailleurs indépendants. Ceux-là sont ceux que Marx appelait « petite-bourgeoisie » : la petite-bourgeoisie n’est pas la bourgeoisie, car contrairement à elle, elle ne peut pas salarier suffisamment des gens pour travailler à sa place et rester oisive ; le petit-bourgeois travaille (et peut d'ailleurs travailler beaucoup, avec le sentiment qu'il est en train de se tailler un destin) mais souvent il adhère aux valeurs et à la morale issues de la bourgeoisie bien plus qu'à celles issues du prolétariat, car il aspire par le succès de son entreprise à se hisser vers un statut social bourgeois, avec les rentes et privilèges associés. Mais il ne faut pas se leurrer non plus sur le fait que, puisqu’il faut ensuite proposer les fruits de son travail sur un marché lui-même capitaliste, les conditions du marché recréent souvent de toute pièce (et parfois plus férocement encore, car de façon moins protégée) les servitudes de la condition salariale. Ainsi, on ne sait que trop bien que, pour un indépendant à la merci d’un gros client sur lequel repose tout son modèle d'affaires, le « client » n’est concrètement pas autre chose qu’un patron. En ce sens, il y a beaucoup de travailleurs indépendants qui, quoiqu’ils ne soient pas formellement des salariés et qu’a priori ils possèdent leur outil de travail, sont dans les faits partiellement ou complètement prolétarisés. C’est souvent le cas des petits et moyens agriculteurs, suspendus à la grande distribution qui a quasiment pouvoir de vie ou de mort sur eux, et qui, en ce sens, quoiqu’ils soient formellement les propriétaires de leur terre et de leur outil de travail, en sont dans les faits bien davantage les gestionnaires délégués par un patronat agroalimentaire déguisé. À l’inverse, il arrive (notamment dans les fonctions de hauts cadres d’entreprise à bullshit jobs) que des gens très grassement rémunérés pour une activité oiseuse, présentent formellement le statut de salariés, sans avoir matériellement rien à voir avec des prolétaires et à peu près tout à voir avec des bourgeois. Des petits malins libertariens en ligne s'amusaient ainsi à faire enrager des bébés socialistes mal formés en prétextant du statut de salarié de Jeff Bezos auprès du conseil d'adminisatrion d'Amazon pour lancer que Jeff aussi, après tout, était un prolétaire ! (Une plaisanterie un peu bête mais savoureuse, avouons-le.) Il y a aussi des petits cadres de classes moyennes ou des autoentrepreneurs par exemple, qui matériellement ont tout de la condition prolétaire, mais que l’idéologie capitaliste est parvenue à placer symboliquement du côté de la bourgeoisie - soit parce qu’elle leur a délégué du pouvoir pour opprimer des subordonnés, soit parce qu’elle leur a inculqué qu’ils étaient « leurs propres patrons » (même si, en pratique, cela revient généralement à être son propre esclave). Le monde social est rempli d'une multitude de trompe-l’œil de ce genre. Il est à noter, aussi, qu’une même personne peut tout à fait participer de la condition prolétaire et de la condition bourgeoise *à la fois*. Je peux être, disons... un travailleur de cinquante-trois ans qui ai passé ma vie à enrichir un patron, et me préparer un complément de retraite en investissant dans l’immobilier avec le pactole que j’ai mis de côté pendant trente ans : je suis alors prolétaire relativement à mon patron, et bourgeois relativement au jeune précaire dont je vais ponctionner le tiers ou la moitié du revenu mensuel en loyer pour augmenter mon capital sous forme de rente. Toutefois il ne fait aucun doute qu’à mesure qu’on s’élève vers la partie bourgeoise de la hiérarchie sociale, on trouve de plus en plus de rente et de moins en moins de travail, et qu’à mesure qu’on s’abaisse vers la partie prolétaire, on trouve de plus en plus de travail et de moins en moins de rente - voire le plus souvent, pas du tout de rente. L'essentiel de l'exploitation capitaliste (et donc du propos de Marx) est là. S’il y a d’autres points sur lesquels je peux vous éclairer, n’hésitez surtout pas ! Bonne soirée ! Alexis

Alexis je vous remercie d'abord par votre remarquable travail de lecteur. Mais ici je découvre également votre grande qualité de pédagogue ! Merci pour tout cela!

Un indice pour que tu trouve la réponses par toi même : l'existence precede l'essence.

Eh bien écoutez, à tout le moins merci pour l’élégance de la lecture, c’est bien aimable à vous et c’est toujours ça de pris ! ☺️

Il faut aussi comprendre ce qui est exposé .....

Je confirme l'élégance de la lecture mais suis tout à fait opposé aux autres termes. C'est VOUS qui faites peur avec votre vision totalitaire qui, j'espère, ne survivra pas longtemps. Parce que de toutes les politiques, la vôtre est pour sûr la plus dangereuse ; celle qui nous conduit droit dans le mur et qui est aujourd'hui responsable de toutes nos peines. Vive la vie voudrais-je dire ! Mais le capitalisme détruit la vie. Alors vive le communisme, le mouvement réel qui bientôt vous mettra à bas ! Il est déjà en marche, il a toujours été là. Mais ce sont les rats comme vous qui lui donne du gras. La vie ou la mort Nous vaincrons.

Tu es un prolétaire comme tout le monde qui doit aller travailler pour vivre. Tu n’es pas maître de ta vie de tes loisirs de tes pensées de tes relations de tes choix

Je pense que la définition de bourgeois reste valide, mais le prolétariat a énormément évolué… de plus en plus de gens sont à leur compte et possèdent leurs moyens de production (ex: un freelancer qui possède son propre ordinateur et fixe son prix, chauffeur Uber etc.). Est-ce que ces gens là sont toujours des prolétaires ?