Vers un examen de grade équitable ? 

Merci pour ces paroles de sage.j'ai le plaisir de vous écouter. Je suis un karatéka de 67 ans et en plein forme .❤

Bonjour Cyril, Encore une fois une vidéo très intéressante. Certes, le questionnement de l'examen est fondamental et les réponses qui t'ont été apportées sont très intéressantes. Cependant, j'ai beaucoup apprécié tes ressentis lors de l'évolution de ta pratique. Je pense qu'à un niveau ou à un autre, on passe tous par là. Personnellement, j'ai eu la chance d'avoir un recul sur ma pratique à cause de mon passé entaché par la maladie. Cela m'a beaucoup servi justement dans l'acceptation de l'échec. Lorsque j'ai échoué mon examen du 3ème dan, mes élèves m'attendaient la semaine suivante avec une bouteille de champagne pour fêter ça. Ils ignoraient mon échec et étaient persuadés que c'était une formalité. Lorsque je leur ai annoncé, ils s'empressaient de ranger les bouteilles, et je leur ai demandé de les laisser dehors. On fête l'apprentissage, on fête le progrès car dans cet échec, j'ai appris. Evidemment, les tapes sur l'épaule s'accompagnaient de "Oui le jury a du..." ou "On sait que dans le département certains ne veulent pas que tu..." et j'ai coupé court. Cet échec est le mien. Je n'ai pas été à la hauteur de l'examen. Il n'y a pas d'excuses. Si je veux me relancer dedans, c'est à moi de progresser en fonction de ce qui m'est demandé. Au plaisir de te revoir bienôt. Amitiés, Laurent

Hello Cyril ! Déjà merci beaucoup pour tes vidéos qui sont toujours très intéressantes et que je suis avec assiduité depuis plusieurs mois ^^ Je suis 3e DAN de Shotokan, DIF, 43 ans et 25 ans de pratique, et je me permets de te donner mon avis sur le sujet de ta vidéo. Pour ma part, le karaté est forcément très complexe à juger, tout simplement car on est sur un art martial, et pas simplement un sport. Mais en France, cette notion est souvent mal intégrée, surtout au début de notre pratique, car on a un esprit sportif dans notre pays. Pour ma part, il faut arriver à juger le bon ratio des 2, ce qui extrêmement complexe car ce même ratio varie selon le pratiquant, et même en nous avec le temps qui passe au cours de notre vie martial. Je me rends compte, pour ma part, quand j’étais jeune et débutant je voulais être fort. Je me suis beaucoup entrainé physiquement, pensant que force et souplesse me transformerait en bon combattant, tel un JCVD dans ces films. Mais en faisant du Ju kumité avec mon Senseï, pourtant bien plus âgé, je me suis fais complètement dominer. J’ai compris alors que, bien qu’important, le physique ne fait pas tout… En murissant et après mon premier DAN, j’ai plutôt orienté mon travail sur la technique. Cela m’a permis de franchir le 2e et le 3e DAN, et de comprendre l’esprit de recherche dans la technique. Aujourd’hui, j’évolue doucement vers le côté « esprit », les techniques de bases deviennent la naissance d’autres plus complexes, plus réfléchies, plus en phase avec mon propre karaté. Mon stress s’apaise, et mon corps se relâche entre les phases d’explosivités. On rentre dans un travail plus profond, en se servant plus des hanches par exemple, ou plus du centre de gravité. On recherche autre chose, on veut aller plus loin, on creuse le détail qui change tout. Juger ce ressenti est difficile, voir impossible tant il est personnel. Finalement, un karatéka comme moi a évolué d’abord dans le TAI, puis le GI et enfin le SHIN (bien sûr, toute sa vie, il faut travailler les 3). Je pense qu’on ne trouvera jamais la formule parfaite de notation, mais de mon opinion, je trouve que là où la compétition peut se focaliser plutôt sur le TAI et le GI (avec bien sûr des catégories) les examens de DAN, surtout à partir du 2/3 devrait se focaliser sur le GI et le SHIN. Pour parler d’équité, Il faut bien sûr adapter sa notation à certains critères comme l’âge par exemple, mais pour moi le DAN, pour qu’il soit normalisé dans notre pays et valable aux yeux de l’international, se doit, selon le niveau, de représenter un certain niveau de pratique et de connaissance et d’un certain « éveil » dans notre art. D’ailleurs, quand on reçoit notre diplôme, on a un courrier qui nous demande d’être un exemple dans notre pratique. Et c’est vrai : On se doit de faire un « bon » karaté. Rabaisser le niveau est à mon sens une erreur (comme le fait de choix DEUX katas pour l’UV kata, ce qui fait que certains ne travaillent plus tous les katas de leur niveau, ou encore la suppression du mémoire pour les haut-niveaux, qui était une des rares manières possibles de juger le SHIN). Pour conclure, je pense que le pratiquant doit accepter d’être juger sur l’aspect global que renvoie son karaté, et qui est vrai n’est pas toujours équitable. Un pratiquant souple aura toujours plus de visuel à offrir. Mais on peut toujours montrer autre chose. Il faut aussi savoir remettre en question en cas d’échec car les erreurs permettent la correction, et la correction, l’évolution. La FFK doit intégrer les notions à la fois sportives propre à notre pays mais surtout martial dans sa réflexion globale pour ne pas en altérer le sens profond, et l’examinateur doit appliquer ces choix, avec bienveillance mais rigueur, sans favoritisme ni passe-droit, et être vigilant à chaque aspect qu’essaye de renvoyer le pratiquant lors de son examen. Ainsi de cette manière, bien qu’en évoluant le karaté d’aujourd’hui s’étant pas mal éloigné de l’esprit d’origine, on en respecte malgré tous la base.

En Kyokushin, même passage de grade pour tout le monde. C'est à nous de nous entraîner pour avoir le niveau et pas l'inverse. Sinon on a des grades sans valeurs et on laisse tomber la pratique très vite par la suite.

Merci, en effet c'est nécessaire et je vois souvent des disparités entre Dojo quand on se voit lors des compétitions

Chez nous le passage de grade c'est le même programme que pour la première dan. Avec des aménagements suivant l'âge et le grade visé.

bon, ben ta conclusion sur l'absurde rejoint un peu ce que je disais : aussi se poser la question si l'examen posé n'est pas débile, et si nécessaire changer de crémerie.... La réflexion sur l'absurde joue dans les 2 sens : pour les trop évolutifs, et pour finir c'est plus du karaté, et les trop traditionalistes, qui ont un karaté figé par exemple dans les années 1950-70, et qui remettent rien en cause non plus. Le problème vient très souvent que les gens ont dans le fonds aucune idée ce qu'est vraiment le karaté, son origine, son histoire, son évolution, ses branches, son contexte particulier, et la culture qui va avec, et l'aspect également sportif qui s'est développé. Et souvent, parce que la majorité, malheureusement s'en fiche, il faut bien le dire.