En cette étrange parenthèse du temps du confinement, deux éminents Professeurs, Collègues et amis, ont confronté, en une étourdissante conversation où l’érudition le dispute à l’humour, les enjeux liés à leurs domaines de recherche qui, a priori, ne devraient jamais, eux, se rencontrer … Mais Égyptologie et philologie de la civilisation japonaise n’ont-elles vraiment rien de commun, ni dans l’espace, ni dans le temps ?
Qu’est-ce qu’un patrimoine culturel ? Comment se façonne un ciment culturel ? Quel regard porte-t-on sur sa propre culture ? Comment les concepts se redistribuent-ils ? Pourquoi rechercher « l’autre » ? L’écriture figurative est-elle plus pérenne ? Comment définir ce qui ne serait pas réductible pour un « Occidental » ?
À la fois vertigineux et émouvant, à rebours de toute simplification, ce dialogue plein d’humour est toujours étayé par un savoir scientifique à la fois rigoureux et accessible. Chaleureux et stimulants, ces échanges libres et informels combinent le plus grand esprit de sérieux et les questionnements les plus essentiels avec les expériences quotidiennes de la vie de chercheur, en un témoignage revigorant d’un authentique humanisme, fondamental et noble qui aurait sans nul doute enthousiasmé les généreux mécènes Hélène et Jean-Pierre Hugot.
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Nicolas Grimal, Jean-Noël Robert / Dialogue 1.
Égyptologie et Philologie de la civilisation japonaise : quels points de rencontre ? Rites de naissance, mythes d’un autre monde, sagesse et responsabilité morale.
Ces deux cultures perçues comme monolithiques émanent en réalité de différents foyers culturels dont on n’a pas, dans le cas de l’Egypte, de traces écrites. Et les représentations des rites n’en sont pas la pratique. La religion au Japon est tout aussi composite.
Les comparaisons s’esquissent alors, sur la pureté des rites, les récits du vieillissement et du pouvoir.
Quel est le statut de l’enfant à naître ? Comment séparer la vie et la mort ? Qui est comptable des bonnes et des mauvaises actions et comment organiser sa vie pour oublier sa finitude ? Existe-t-il différentes sagesses ? Que recouvre le terme bouddhique de « couleur » ? Quelles sont les « ivresses » communes ?
« En arrivant au Japon, dit Nicolas Grimal, en découvrant le culte du shinto, j’ai eu l’impression de voir, transposées dans la culture japonaise, des scènes qui sont sur les parois des tombes : offrandes alimentaires, défilés de porteurs d’offrandes… Pour moi, entre la figurine avec son bavoir qui reçoit une canette de bière, et le défunt égyptien qui reçoit un cuissot de bœuf, il n’y a pas de différence… ».
12 июл 2023
