Tout est relatif. Dans l'art contemporain (partant, dans le free jazz et les styles qui s'en réclament) il y a des "artistes" insincères qui ne sont pas capables de réaliser un portrait sommaire ou d'aligner 10 notes cohérentes mais qui vivent sur une notoriété bâtie sur l'air du temps… ce sont des escrocs. Mais il y a aussi des gens qui refusent tout académisme et qui empruntent des directions esthétiques alternatives. A chacun son épanouissement. N'oublions pas les horreurs perpétrées par les dictatures du "bon goût", apanage des tyrannies et qui, spécialement, réprimait cruellement œuvres musicales et picturales abstraites, par exemple… Hitler, Staline, Mao et tant d'autres...
C'est justement cette dictature que Franck dénonce : il n'attaque pas les artistes (fussent-ils contemporains ou non), mais l'institution qui se réclame de ce mouvement et dépouille tout le sujet de la "culture" de toute notion sociale ou politique et la réduit à de l'art conceptuel qui n'a plus aucun message... Et ceci avec l'argent de nos impôts à tous.
Je pense que votre comparaison avec le free jazz n'est pas pertinente. Le free jazz n'est pas de "l'art contemporain". Le free jazz est un des divers courant du jazz. Je connais un peu ce style et je ne connais aucun "escroc". Ce sont à la base des musiciens qui ont eu une formation jazz et donc classique, qui savent parfaitement alignés plus de 10 notes. Ils veulent s'affranchir des règles et des codes du jazz. Qu'on aime ou non, personne spécule sur leur art si l'on compare avec l'art contemporain. Si vous avez des exemples d'escrocs, je veux bien les écouter !
Oh que si, la comparaison est pertinente ; j'ai débuté la batterie en 1980 et je me suis mis assez tôt (1989 à peu près) à jouer dans les milieux de la musique improvisée et free jazz (plus toute la famille des styles "intuitifs" et divergents"). Alors, non, ce ne sera pas chez les têtes d'affiche du style (P. Sanders, Lytton, Nissen-Love, D. Lasserre, qui d'ailleurs est devenu un ami, etc.) que nous trouverons des escrocs, mais bien plutôt dans une somme de musiciens qui n'ont pas réussi dans le jazz par manque de rigueur, de travail et parfois, de talent. Ces gens-là, j'ai dû parfois les côtoyer par cette force des choses souvent inhérente aux rencontres d'un jour... ...et j'ai vu des gens, satisfaits d'un pauvre acquis, qui essayaient d'expliquer à leur public, par une architecture pseudo-intellectuelle, toute l'intelligence de leurs intentions... ...bref... des guitaristes incapable d'aligner plus d'une dizaine d'accords, des batteurs qui ne savent pas rouler, des bassistes ou contrebassistes tout aussi performants... ...voilà ce que vaut une partie de cette scène, qui, sous prétexte de jouer "librement", ne connaît rien à la Révolution d'Octobre d'O. Coleman et qui s'imagine être au dessus de tous... bien à vous ;)
Léger comme analyse. Il y a beaucoup de mouvements différents dans l'art contemporain, avec des énoncés parfois absolument opposés (même s'il est vrai que les "mouvements artistiques" sont moins identifiables aujourd'hui que durant d'autres décennies). Une enquête sur les conditions du marché de l'art serait intéressant, mais là je crois qu'il lui manque quelques lectures (sur la contemporanéité, sur l'histoire de l'art peut-être...) Et non Mr. Lepage, le propre de l'art contemporain n'est pas d'expulser le sens. Ce que vous nommez, c'est le post-modernisme. Et encore, je charcute à mon tour, il faudrait évidemment être infiniment plus précis.
Arthur j J'aime bien Franck Lepage, mais il faut reconnaître que sa vulgarisation est - sur bien des sujets - souvent grossière. Elle sert son point de vue mais n'éduque pas suffisament - à mon sens - l'esprit critique.
+Arthur j - Il parle de l'art institutionnel qui est acheté par les collectionneurs, l'argument du "il y'a pas que…" est limité dans ce cadre, puisqu'il parle de tendance et pas des particularismes. En effet, il y'a beaucoup d'autres choses tu es dans le vrai, mais peu sont reconnues (10% des artistes vivent de leur travail, et ils sont majoritairement retraités), c'est une question de légitimation. C'est le sens de légitimation qui est critiqué, dans une analyse dialectique matérialiste (marxiste), les "échappatoires métaphysiques" sont inutiles dans ce cadre d'analyse, voir Bourdieu, Heinich (les 3 m) , Menger, Howard Becker,…la sociologie de l'art en fait. C'est peu être ouvertement déterministe, mais bon… c'est de gauche ! Pitoum C'est bien l'esprit critique qu'il développe ici, mais pas celui de Kant ou Adorno 1 (idéalités comparées à la pratique et comme but à atteindre), c'est une analyse marxiste qui vise à révéler ce que cache le discours idéologique dans les rapports de production symbolique. difficile d'échapper à la métaphysique ; )
Tiens Marine le Pen co-écrit ce sketch ? Blague à part, ça laisse une sale impression. Celle d'un discours qui s'appuie sur une instrumentalisation de l'art par le capitalisme, (pas récente) pour finalement enfoncer les artistes (une fois de plus). Comme si payer cher de l'art, du savoir, de la pensée, c'était forcément honteux et inconcevable.
Non C est pas honteux d acheter des trucs moches ... tout le monde le fait , même les riches , c est rassurant de savoir qu ils ont aussi mauvais goût que d autres qu ils méprisent ! mais bon ya une démarche ! ça change tout !
Ce que dit Frank Lepage rejoint et eclaire parfaitement ce que disait aussi David Bowie lorsque ce dernier commentait le film "Basquiat", un film sur le peintre contemporain New Yorkais Basquiat, film dans lequel Bowie joue le role d'Andy Warhol... Bowie fut non seulement un grand musicien d'avant-garde pendant des decennies, il fut aussi critique d'art contemporain dans les annees 1990, peintre amateur et grand collectionneur d'art (sa collection vaut des centaines de millions). Le commentaire lapidaire de Bowie sur le monde de l'art contemporain et la fabrication completement artificielle d'un marche, operation de classe destinee a renforcer l'exclusivite des elites et le mepris des classes ouvrieres, commence a la minute 27:10 ici ru-vid.com/video/%D0%B2%D0%B8%D0%B4%D0%B5%D0%BE-ExDfj-_D6Sk.html
A aucun moment il n'enfonce les artistes : il attaque l'institution d'état qui veut réduire la notion de "culture" à l'art, et sans plus de notion de lutte sociale ni de politique (au sens large), et qui plus est pour en faire un marché spéculatif avec l'argent public.
