conférence gesticulée de Stéphanie Rieu sur l'arrivée de la démarche qualité dans un foyer de vie. ou comment Ce qui compte ne se compte pas mais se raconte...
Merci pour l'audace de votre sensibilité. Vous nous avez rassuré, charmé, convaincu.. guidé dans un monde d'humains. Vous rendez les choses très claires. 👍
Formidable ! Chez-moi, en Bretagne et en abattoir, le grand chef de la qualité est venu m'expliquer mon boulot et comme je suis un adepte de Franck Lepage depuis sa conf à Lanloup je lui est répondu : "la qualité, c'est la productivité" . C'était il y a trois ans depuis le service qualité passe par la voie hiérarchique pour me faire des remarques aussi débile les unes que les autres et que personne ne suit forcémment !
J'ai fait un DUT informatique. A partir du deuxième semestre et jusqu'au 4éme, on a eu un cours régulier. Gestion de projet, ça s'appelait. On nous apprenais à faire exactement ce qu'elle décrit : Créer des fiches d'incident, des rapports de ceci, des évaluations de cela. Je me souviendrais toujours du mec en costard qui venait nous faire son cours. La soixante, costume gris, cravate rouge, calvitie avancée, parfaitement rasé. Il nous expliquait que la démarche qualité, c'est la seule voie de la réussite d'un projet. Que c'est un outil de mesure indispensable. J'ai aimé tous mes cours d'informatique sauf celui-là. C'était une purge. Un ennui profond pour un domaine inepte et sans intérêt. Au début des cours, tout le monde le tournait en dérision. A la fin de l'année, guidée par une minorité de fayots, la majeure partie de la promo prenait ce type et ses procédures au sérieux, même si aucun d'entre eux n'en comprenait l'intérêt. C'était juste nous faire brasser du vent. ça n'avait strictement aucun sens. Vous passiez des heures a créer des fiches d'incident ou des exemples de procédure pour ceci ou cela, ensuite il fallait passer des heures a remplir ces fiches en travaillant sur les projets donnés par les autres profs. C'était un enfer. C'était il y a 8 ans. En 8 ans, la démarche qualité a encore plus pénétré le monde du développement informatique en profondeur. Il faut dire que le métier s'y prête bien. Pourtant, ce qu'on observe c'est que dans le même temps, la qualité réelle des solutions informatiques chute drastiquement. Logiciels lourds, procédures incompréhensibles, changement complet de logiciel tous les trois ou quatre ans parce qu'à défaut d'offrir des produits qui marchent sur le long terme, les entreprises coulent les unes après les autres. Bugs, pertes et mélange de données... Ma belle mère était préleveuse dans un labo à la fin de sa carrière d'infirmière. Leur logiciel a changé 4 fois en 5 ans. Des millions d'euros en formation, développement, modernisation inutiles ont été engloutis, alors que, dans le même temps, leur charge de travail augmentait tandis que leurs effectifs se réduisaient. Et a chaque changement de logiciel, elles passaient plus de temps sur l'ordi et moins de temps à prélever, jusqu'à ce qu'on vienne leur dire que ça n'allait pas du tout : le labo ne gagnait plus assez d'argent, parce qu'ils avaient remarqué que le nombre de prélèvement diminuait. Quelle a été leur réponse ? De nouvelles procédures. Plus de temps perdu. Plus de travail inutile. Plus de logiciel. Et encore moins de personnel. La démarche qualité est une arnaque. C'est la promesse creuse d'entreprises de consulting qui viennent vous créer des problèmes, pour lesquels ils vous vendront des solutions ineptes qui consistent toujours à plus de démarche qualité. C'est assez simple, en définitive : la démarche qualité est une solution qui, lorsqu'on l'applique, ne marche jamais. Pourtant, la réponse à cette absence d’efficacité sera toujours de dire que si ça n'a pas marché... c'est parce qu'il faut persévérer et ajouter encore plus de démarche qualité. Au final, la seule utilité pratique de la démarche qualité, c'est d’assécher une entreprise jusqu'à ce qu'il ne reste rien, parce que les cabinets de conseils sont des parasites. Ils se greffent à un ôte, et le tuer leur donne la force d'en infecter d'autres.
Tout à fait. Et même quand on a une petite boîte privée et qu'on fait de la qualité, le gouvernement t'impose ces démarches qualité qui deviennent énormes, qui débouchent sur d'autres démarches, d'autres normes. Ça mine ton travail puisque tu n'as plus assez de temps pour ton cœur d'activité. Ça désespère les équipes et souvent te pousse à fermer. A croire que c'est fait pour fermer les petites boites et avantager les grosses.
je suis 100/100 d'accord avec toi, c'est à cause de ce type de démarche que l'association intermédiaire qui oeuvre dans le secteur de l'aide à la personne, où quand on commence à se poser des questions on se retrouve au placard. J'ai vu une personne à qui après une de ces fameuses évaluationson, on a imposer un demi poste en plus de son travail pour plus de rentabilité, en échange de congés de noel pour qu'elle puisse accueillir son fils handicapé. Ils lui ont supprimé ses congés trois jours avant. A cette annonce la personne s'est effondrée. Ils l'ont faite passée pour quelqu'un d'instable et envoyé voir un psy pour prendre des médicaments. On a été 2 ou 3 a la soutenir. De mon côté, pour des compression de personnel ils m'ont demander de travailler aussi sur 2 poste pour un 20h . Chaqu'un remplissant mon planning pour 20h, ce que j'ai évidemment refusé. Résultat: placard pendant 4 mois. Cette année là, ils ont eu la "palme d'or" de la démarche qualité, avec fiesta et petits fours. Je pense que certaines asso ou entreprise sociale sont entrées dans le système pour ne pas se mettre les politiques à dos, en se foutant pas mal du personnels précaire corvéable à merci, qu'ils pressent comme des citron et jettent à la fin de leurs contrat, en oubliant allègrement honnorer leurs engagements au sujet des formations promise au moment de l'embauche.
Chére Stephanie, c'est un plaisir immence de te rencontrer par ordi interposée. Je comprend que tu aie craquer, car ces pratiques sont foutrement injuste. Je me retrouve dans ta souffrance au travail et dans ta fébrilité et ton incroyable force. J'ai un BPJEPS animation sociale et médiation. Animatrice depuis l'âge de 16 ans, formée aussi aux CEMEA où l'on nous demandait de tout faire avec rien, c'est à dire de faire confiance à notre intelligeance et à notre pouvoir d'imagination. Je me retrouve complètement dans ta façon de travailler .Je fais partie à l'heure actuelle d'une asso à Touon où nous oeuvrons dans la mixité sociale, avec pour support le domène artistique: Clown, théâtre, arts plastique.. Nous créons ensemble, les "fréquanteurs" de notre asso sont des personnes "impliquées" dans ucette structure. Qui a envie trouve sa place car le projet éducatif est baser sur l'accueil et l'ouverture. Le plus "embéttant" étant de remplir les cases dans les demandes de subvention car nous travaillons en collectif où chacun à la parole; une personne, une voix. Les réunions sont pensées et mise en place pour faire en sorte que touste s'expriment et donnent réellement son réel. Ce qui implique qu'il n'y à pas de distinction bénévoles accueillis ou bénéficiaire ou quoi d'autre. On n'en parle même pas! Mais j'ai bien conscience qu'on reste une tribut de gaulois, on résiste, mais les bâtons dans les roues sont de plus en plus nombreux et les crocs en jambe bien pourris aussi.
Je suis infirmière en MAS, dans une grande fondation, en burn out, pour les mêmes raisons. Je n'ai pas pu dire au revoir aux résidants .... Les propos raisonnent fort en moi! Merci!
Extra, trop vraie étant la hiérarchisation des fonctions publiques par un "managering" de débiles se prenant tous pour les supérieurs d'un autre ; ne jouons plus qu'à être "soi-même"...
Merci pour ce partage. Avant mon commentaire je tiens à remercier tous les gesticuleurs qui m'ont permis de m'éveiller à certaines façons de penser et surtout on se sent moins seul. Merci aussi à la communauté qui gravite autour de ses sujet. C'est une nouvelle conférence , ou est-ce une réédition ? Ca me dit quelque chose .
Les règles...des règles encore et toujours...l'humain est plus important, c'est ce que vous avez fait Mme...soyez fière de vous et certains résidents ne vous oublieront pas...! Ha l'affect....ç'est mon cas...contrairement à ce qu'on m'as dit faire abstraction...Non je peux pas....!
Thank a Lot !! Je suis éducatrice spécialisée, et en Belgique. Petite remarque : pour moi le terme de " client" est ok . Sûrement pas dans le contexte ultra libéral en lequel il est employé....... Mais " ils" sont arrivés à même de dénaturer le mot. Il a été utilisé par Carl Rogers en son temps . Les propositions autour d une communication bienveillante, une écoute active..... de ce grand Monsieur ne sont plus à démontrer..... Pour moi, il l utilisait en le sens de remettre RÉELLEMENT la personne au sein d une relation de qualité 🤩 ( oups, so sorry , même le mot me semble maintenant prompt à semer la confusion....), où le partage, le lien et la Co -construction d une réalité plus épanouissante mettait mieux , à la " juste" place l intérêt de travailler avec la personne et non pas pour, ou à " sa place". Il remettait en vue la question de nos engagements à accompagner, et non à juste occuper les personnes.... Du coup, pour vous le terme est- il actuellement mal employé ou était ce les prémisses précoces d une injection ( injonction) en la langue de termes vicieux ( viciés)?? On a la chance d avoir un peu moins de cette " novlangue" chez nous. Néanmoins faut pas trop rêver, cela arrive quand même depuis quelques années. Dans certaines institutions, certains directeurs ont très bien compris l absurdité de ces projets mégalos , dès lors ils gèrent leurs paperasses pour acquérir les subsides ( chez vous, il semble que vous parlez de subventions ) et nous laissent certaines libertés . Mais il y a moins d esprit " bureaucrate" qu en France ..... plus petit pays, plus jeune au niveau historique.. Compassion pour tous les résidents et les professionnels du Social , bravo pour cette montée en revendication, vius donnez LE BEL EXEMPLE A SUIVRE. ABSOLUMENT !! On a pas encore trop trop d "agents pas qualifiés" qui viennent pour surveiller........😏
ou comment le massacre de l'humanité est longuement patiemment et parfaitement organisé à tout les échelons de la société par une idéologie qu'on a tous rencontré ...
''quand est-ce que tu me prends''...''dans ton groupe''! Et non pas comme un objet ! Parce que quand tu es ''sujet'' de groupes gérés par d'autres posés comme responsables, on sait bien que c'est le responsable qui choisit au bout du compte qui il/elle prendra dans son groupe ou non
La démonstration de la néo-libéralisation capitalisme de la démarche qualité appliquée au monde du social. 46:55 - Augmenter le plaisir ou diminuer la douleur, réduction macabre car chercher l'équilibre c'est donner du sens. Et le sens devrait être le guide de la qualité et de la démarche qui va avec : l'écoute de tout les acteurs et non exclusivement des financeurs et des payeurs. Reste à mettre de la qualité en lui donnant du sens, l'auto-paralysation de cette démarche devient de plus en plus accessible et à savoir réaliser.
mais qui veut de la qualite? Tout le monde, mais n est ce pas que lorsqu on a vendu sa plus value plus chere que la moyenne souvent au detriment de la qualite, que l on exige de ceux qui se font plus exploiter, qu il le soit encore plus en fournissant un travail encore plus qualitatif, et jamais justement remunerer, chose qui naturellement ferait produire une meilleur qualit'e