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**Argument**
La trame argumentative part d'une évidence : les protestataires d'un mouvement social font partie de la population, les grévistes sont aussi des usagers, etc. Mais dans des moments de crise, lors d'une grande grève par exemple, on oublie cette évidence pour finir par penser que les grévistes sont radicalement distincts du reste de la population, et ne peuvent être des usagers, des parents d'élève, des consommateurs, donc subir eux aussi les conséquences du mouvement social (sans parler du salaire qu'ils ne touchent pas).
A tel point que même au plan individuel, je vais me focaliser sur l'aspect de mon existence qui subit le dérangement, sans voir que d'autres aspects peuvent fonder une solidarité avec les grévistes : tel retard de train me pourrit ma matinée aujourd'hui, mais hier je me plaignais du manque de personnel aux guichets, qui est précisément l'objet de la présente grève.
Pourquoi une telle occultation ?
Se sentir solidaire d'un mouvement, éprouver une sympathie à l'égard d'une cause, ou se reconnaître comme faisant partie d'un même groupe d'intérêt n'ont rien d'évident : les relations entre les individus et les groupes passent par l'intermédiaire de symboles, de représentations, d'images, de discours qui peuvent créer des alliances inattendues, consolider des intérêts communs, ou au contraire contribuer à diviser des groupes que tout devrait pourtant objectivement unifier.
L'hypothèse examinée ici accorde une grande importance au traitement médiatique de l'évènement «grève». Le cadrage qui est en général proposé consiste à concentrer l'attention sur la seule gêne causée aux usagers, au détriment des raisons du conflit social.
Un tel cadrage vient contrecarrer l'effort des protestataires pour montrer que ce dérangement n'est pas une fin en soi.
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- L'idée principale est tirée de Roland Barthes, «L'usager de la grève», dans Mythologies (1957)
- Ouvrage sur les mouvements sociaux en général, et en particulier dans leur rapport aux médias : Lilian Mathieu, Comment lutter ? Sociologie et mouvements sociaux, Paris, Éd. Textuel, coll. La discorde, 2004
- Vidéo complète de l'entretien avec Danielle Tartakowsky, Michel Pigenet et Jean-Marie Pernot, à Mediapart : www.dailymotion.com/video/xf89...
- Sur le traitement médiatique
www.lemonde.fr/big-browser/art...
www.slate.fr/story/118597/terr...
www.acrimed.org/Tribunaux-medi...
www.acrimed.org/L-editocratie-...
www.acrimed.org/Lexique-pour-t...
Thierry Guilbert, Conflit sociaux et médias : l'invisibilité de l'évidence
www.absp.be/wp-content/uploads...
Vidéo complète des bonus des Nouveaux chiens de garde (Gilles Balbastre et Yannick Kergoat) dont j'ai piqué des extraits : • Les nouveaux chiens de...
- Sur la notion d'otage
Arnaud de Coupigny, « Otages : constantes d'une institution archaïque et variantes contemporaines », Stratégique 1/2009 (N° 93-94-95-96) , p. 613-646
www.cairn.info/revue-strategique-2009-1-page-613.htm
- Billets inspirants
jccabanel.free.fr/mt_a_propos_...
owni.fr/2010/10/24/lusager-des...
- Sur la notion de cadrage : vous trouverez des éléments dans n'importe quel manuel scolaire de communication ou de sociologie des médias. Voyez aussi les articles Wikipedia (en) sur ces points.
Bons articles :
-Catherine Lemarier-Saulnier, Cadrer les définitions du cadrage : une recension multidisciplinaire des approches du cadrage médiatique, Canadian Journal of Communication Vol 41 (2016) 65-73
-Dietram A. Scheufele (2000): Agenda-Setting, Priming, and Framing Revisited: Another Look at Cognitive Effects of Political Communication, Mass Communication and Society, 3:2-3, 297-316
6 авг 2024